Les membres du Syndicat national des magistrats gabonais (Synamag) ont protesté, le 6 juin 2016, contre la tenue de la cérémonie d’installation de leurs collègues nommés lors du dernier Conseil supérieur de la magistrature.
Le consensus récemment trouvé entre la présidence de la République et les magistrats a été rompu. Les magistrats se disent surpris et indignés par la volonté du gouvernement de vouloir confirmer les mesures individuelles en faveur de Sidonie Flore Ouwé, Nancy Engadzas, Ebang Ondo Eyi, Anouchka Mabamba Mboumba et Michel Moudouma Moudouma. Ils se sont donc opposés à leur installation.
A cet effet, les membres du Syndicat national des magistrats gabonais (Synamag) ont investi le hall du tribunal de Libreville, très tôt dans la matinée du 6 juin dernier, pour empêcher la tenue de la cérémonie d’installation des promus. Puis, ils ont tenu une assemblée générale, avant de battre le bitume jusqu’au rond-point de la Cité de la démocratie. Ils entendaient s’élever contre l’immixtion du politique dans la justice. «Cette installation est blasphématoire, insultante, abjecte et humiliante non seulement pour la magistrature, mais aussi et surtout pour le peuple gabonais au nom duquel la justice est rendue. C’est notre profession. Il ne faut pas que des gens qui n’ont rien à voir avec la magistrature viennent nous semer du désordre», a déclaré le vice-président du Synamag.
Les magistrats promettent déposer un préavis de grève dès aujourd’hui, 7 juin 2016. Ils saisiront le Conseil d’État et la Cour constitutionnelle pour dénoncer ce qu’ils appellent une «politisation de la justice». «Martin Luther avait fait un rêve, I have a dream. Aujourd’hui c’est nous qui le faisons. Nous rêvons qu’un jour, la magistrature gabonaise sorte de l’occultisme, de l’assujettissement. Nous faisons le rêve qu’un jour nous ayons à la tête de la magistrature gabonaise des hommes dignes, des hommes d’honneur, des hommes respectables et respectés, des hommes intègres, irréprochables et désintéressés, des hommes d’une droiture et d’une probité implacables, capables de diffuser l’honorariat dû à notre état», a poursuivi Justin Loundou.