Délation, ultimatums, attaques verbales marquées d’une violence inouïe, instrumentalisation de la presse, montage insidieux, toute une panoplie de mensonges destinés à fragiliser les autres candidats. Bref, tous les coups semblent permis des deux côtés. Objectif : venir à bout des autres adversaires, jugés encombrants dans cette bataille électorale qui s’annonce âpre. Et peut-être incertaine aussi, en raison des signes avant-coureurs.
Une démocratie inflammable ! Voilà le constat qui tombe net, au regard du contenu du discours politique en cette période de précampagne présidentielle. Qu’il s’agisse de l’opposition ou de la majorité, la qualité du discours politique attendu en cette période de fièvre électorale peine à sortir de l’ornière de la violence verbale, de la haine et de la machination, la fin justifiant les moyens.
Il y a comme une sorte de dérive flagrante du discours politique de tous bords, avec une rhétorique essentiellement guerrière, qui n’en finit plus de terroriser certaines populations, voyant dans cette élection, une élection de tous les dangers. Et pour cause, les propos de Jean Ping, avec l’usage des termes « cafards » et « expédition ». Propos fondés ou non ? Toujours est-il que leur diffusion inlassable sur les antennes de « Gabon Télévision », la chaine publique, ne manquent pas d’affoler certains compatriotes. La livraison à l’armée gabonaise d’équipements militaires par l’armée russe début avril dernier, a suscité moult commentaires sur la toile. Du pain béni pour l’opposition qui accuse Ali Bongo Ondimba de vouloir se maintenir au pouvoir, même par la force.
Une « militarisation active du pays », telle que clamée par Jean Ping. Dans tous les cas, de nombreuses populations craignent un éventuel embrasement, d’où l’actuelle ruée vers l’intérieur du pays, surtout la fermeture des classes est imminente.
Menaces de l’Union sacrée pour la Patrie (l’USP) ?
Mais si les camps Ping et Ali Bongo se soupçonnent mutuellement de vouloir orchestrer une guerre civile, en cas d’échec à la présidentielle à venir, il reste qu’une menace imminente plane comme une épée de Damoclès au-dessus dupays, et singulièrement de la capitale gabonaise. En effet, l’USP menace de destituer Ali Bongo Ondimba en faisant du retrait de la candidature du porte-étendard du PDG un préalable avant toute participation à la présidentielle.
De fait, si cette initiative rencontre l’assentiment de certains partisans de l’alternance, qui pensent qu’aller à l’élection avec Ali Bongo, c’est prendre le risque de cautionner la violation du fameux article 10 de la constitution, elle ne convainc pas pour autant toutes les sensibilités de l’opposition, notamment celle de l’ancien patron de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, qui a toujours refusé d’en faire un débat. Et ce, même si parmi ceux qui le soutiennent comme Alexandre Barro Chambrier et tout le gotha estiment que la question vaut son pesant d’or.
Mais là où le bât blesse c’est qu’un tel scénario de destitution, s’il se concrétise ne va pas sans conséquence, dont la plus manifeste, selon toute vraisemblance semble être le bain de sang qui pourrait accompagner une insurrection populaire.
Car il est certain que si les Myboto et toute la clique marchent en direction du palais présidentiel pour y déloger Ali Bongo Ondimba, les hommes en uniforme ne resteront pas l’arme au pied. Voilà ce qui nourrit les inquiétudes de certains compatriotes, qui quittent déjà la capitale en direction de l’intérieur du pays jugé sûr. Ceux ayant des moyens envisagent déjà de quitter le pays la veille du scrutin pour l’étranger.