« Bulongu u tshenguele a tshenguele », comme quoi « la terre tourne » en langue Nzebi du Gabon. Les Myboto semblent avoir oublié que ce que l’on fait aujourd’hui peut, sinon aura des répercussions demain. Les Gabonais qui ont vu la fille fondre en larmes sur les épaules de son père, ont du mal à réaliser que ce geste est celui de ceux qui ont, pendant longtemps, soumis leurs compatriotes à un véritable diktat. Zacharie va soutenir sa progéniture jusqu’où ? Se demande-t-on.
Et si Chantal était réellement sous le coup de la justice ? N’est-elle pas citoyenne au même titre que les autres gabonais ? Nous nous rappellerons toujours le best-seller de sieur son père « J’assume » pour lui demander simplement d’en faire autant, encore que Zacharie n’a pas encore osé répondre des actes qu’il a posé pendant son long règne. Pourquoi verser des larmes de crocodile alors que l’on sait pertinemment à quel jeu l’on joue entre familles princières gabonaises ? C’est que les Myboto qui pleurent aujourd’hui peuvent se transformer demain en êtres souriants, si et seulement si Ali Bongo Ondimba consentait à revenir à ses vieilles amours.
L’histoire politique du Gabon, à moins que l’on souffre de berlue, est faite d’allers-retours, d’entrées-sorties, au gré des intérêts des uns et des autres. Si le pouvoir et ses alliés n’ont de compte à rendre, à personne, ce n’est pas le cas de ceux de l’autre côté, qui doivent, eux, se justifier, même quand la faute est partagée : après tout, ils ont acquis les mêmes réflexes des années durant pour ne pas comprendre les règles du jeu.
Myboto soutiendra sa fille, personne n’en disconvient, pourvu qu’il aille jusqu’au bout de sa logique. Parce que, ce qui est reproché à celle-ci l’est aussi pour lui-même et pour les membres des formations politiques de l’opposition et de la majorité, qui ont tous du mal à intégrer des notions aussi répandues que celle du respect de la liberté individuelle, proférant à souhait des menaces quotidiennement contre ceux qui semblent tenir un discours contradictoire au leur, dire que c’est cela le ferment même de la démocratie, à moins qu’ils veuillent nous apprendre qu’il est une autre sous nos cieux qui ne réponde pas aux principes universellement reconnus.
Et quand, il saisit la presse pour prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, lui-même Myboto, a-t-il oublié son passé de régulateur zélé du temps où le Conseil national de la Communication n’existait pas encore ? Sur quoi veut-il que cette presse communique, alors qu’il sait l’affaire judiciaire et avec qui conjuguer en pareille circonstance ? Nous voulons dire qu’il serait judicieux pour les Myboto de se rapprocher de leurs avocats au parfum du dossier comme on le sait pour préparer leur défense, plutôt que de venir faire de la victimisation face à un public qui les subit tous, eux et les gouvernants.
Et puis, pour avoir été pendant longtemps aux affaires et n’avoir pas tout oublié, Myboto doit savoir, comme le rappelait Nicolas Machiavel, qu’on a raison quand on a le pouvoir, tort quand on l’a perdu. D’où, il devrait s’évertuer à rechercher les voies de sortie de situation prévues par la loi si l’Etat qu’ils ont mis sur pied est réellement un Etat de droit. Parce que l’affaire des Myboto avec la justice n’est pas une affaire politique à en croire les tenants du pouvoir, encore faut-il qu’ils le justifient, mais devant quelle instances compétentes ? Pas celles à leurs soldes.
On a comme l’impression que le journaliste qui devrait être une personnalité respectée et vénérée parce que porteuse de responsabilité publique, continue d’être traité comme un simple faire-valoir, propre à satisfaire les intérêts des « grosses légumes » au détriment des siens propres. N’est- ce pas là encore une manière d’instrumentaliser les journalistes qui, sait-on tous, ont faim, pour ne pas pouvoir succomber à la moindre tentation ?