La question bien qu’embarrassante dans les rangs de l’opposition mérite néanmoins qu’on se la pose, au regard du nombre croissant des candidatures, à mesure que l’on approche du scrutin. Une pléiade de candidatures qui suscite des inquiétudes, quand on sait que le scrutin est à un tour. Ce qui rend incertaine les chances de l’alternance tant réclamée par les membres de l’opposition, même si publiquement ces deniers refusent d’admettre ce scénario.
Candidatures pléthoriques, atouts ou handicap pour l’alternance politique au Gabon ? A qui profitent-elles ? Même si les questions sont souvent rapidement écartées des meetings et autres causeries politiques, il reste que dans les coulisses et les antichambres de l’opposition, on ne peut s’empêcher d’y penser. Et pour cause, le mode du scrutin tel qu’il a cours au Gabon semble ne pas faciliter l’équation. Car en choisissant d’aller à la bataille dans une vaste coalition désordonnée, avec la stratégie aveugle du ’’ tous contre un’’, il est vrai que l’opposition jette là peut-être les bases d’un nouvel échec, surtout pour un type de scrutin à un seul tour.
Ce qui risque, disons-le, de compromettre les chances d’alternance tant chantée et ventilée ostentatoirement. Une alternance, qui pour être alternance ne sert qu’à haranguer les foules acquises à la cause, mais qui, visiblement souffre des moyens ou stratégies pour être finalement matérialisée au soir de l’échéance présidentielle de cette année. Une démarche cavalière qui vient mettre à nu l’égoïsme, les égos et le manque de coordination de l’opposition gabonaise, qui depuis l’avènement de la démocratie en 90 peine à mettre en place une véritable stratégie de prise de pouvoir. Voilà ce qui vient encore étayer la thèse de la conquête du pouvoir pour les seuls intérêts individuels.
Et ce, en même temps qu’on clame à cor et à cri dans les manifestations : Gabon d’abord. Un slogan qui frise la propagande électorale, alors que la liste de candidatures ne cesse de se rallonger à mesure que l’on s’achemine vers la mère des batailles électorales. A ce jour, ils sont désormais plus d’une dizaine à s’être déclarés candidats. Et vu le rythme avec lequel s’allonge cette liste, il ne serait pas étonnant, de la voir dépasser le seuil des 23 candidatures telles qu’enregistrées en 2009. Impensable pour un pays de moins de deux millions d’habitants, doté d’un collège électoral se situant autour de huit cents mille électeurs seulement.
Un vrai scandale quand on sait que certaines candidatures, aux dires de certaines langues, seraient inspirées par certains lobbys politiques dans le simple but d’émietter les suffrages. Ce qui, normalement devrait amener certains candidats véritablement déclarés de l’opposition à s’unir et créer une véritable stratégie de coordination, pour enfin opposer un vrai rapport de force à Ali Bongo Ondimba, le candidat du PDG. Lequel Ali Bongo semble le mieux placé pour tirer profit de cette dispersion de voix, même si son parti, on le sait, traverse depuis deux ans une crise politique sans précédent.
Mais le désordre organisé dans les rangs de l’opposition, qui a choisi d’y aller en rang dispersés contre un seul pourrait bien dériver vers un énième échec. Car pour un scrutin uninominal à un seul tour, la dispersion des voix dans l’opposition mathématiquement n’a pour potentiel bénéficiaire que le candidat du PDG, même si la tendance peut être renversée. C’est donc une kyrielle de candidature, qui ne disqualifie pas automatiquement l’opposition, mais amoindrit, considérablement, ses chances de s’imposer.