Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Jean Ping, candidat à l’élection présidentielle d’août prochain a pour la première fois rejeté, samedi dernier lors d’une conférence de presse à son QG de campagne, les accusations de plagiat du projet de société d’André Mba Obame (AMO).
« Parler de plagiat pour un projet de société, c’est un non-sens », dit-il d’emblée en rappelant que « d’aucuns ont prétendu que j’aurais plagié le projet de société d’AMO ».
« Je voudrais quand même faire observer à certains qu’un projet de société n’est pas une œuvre scientifique, littéraire ou artistique ; c’est l’œuvre d’experts qui ont chacun, en fonction de sa spécialité, apporté sa pierre à l’édifice. Les économistes y contribuent, les juristes y participent, les scientifiques, etc. », justifie-t-il.
Jean Ping a concédé « Même si j’avais repris l’intégralité du projet dit d’AMO, les fameux héritiers politiques d’AMO devraient alors en être fiers, ils devraient être fiers de constater que les idées défendues par AMO, et qu’il n’a pas pu mettre en œuvre, soient reprises et défendues à son tour par quelqu’un d’autre après lui…C’est aussi ça le sens de l’histoire, mes chers amis ! »
« Je voudrais alors poser une question à mes censeurs ; depuis qu’AMO avait identifié les maux qui minent le Gabon et qu’il avait proposé les solutions à ces maux, le Gabon a-t-il changé ? », s’est-il interrogé.
Dans la même logique, Ping précise que « dès lors qu’on constate que Jean Ping et AMO font le même constat et donnent les mêmes solutions, c’est plutôt rassurant, puisque la situation est la même et les solutions envisagées sont les mêmes. C’est le contraire qui m’aurait gêné ! »
« Je prends encore quelques exemples ; depuis des années, se pose le problème de la route Sam-Bibass ou Lébamba-Mbigou. Comment les habitants de ces zones pourraient-ils comprendre que moi, candidat à l’élection présidentielle, je ne puisse pas envisager de faire ces routes ? Et je vous l’assure que je les ferai », poursuit-il.
« Depuis des années, la province de l’Ogooué Ivindo connaît un problème de d’enclavement. Comment les Ogivins peuvent-ils comprendre que dans mon projet de société je n’envisage pas l’éventualité de désenclaver leur province ? », ajoute le candidat pour qui la question des routes, de l’école, de la santé, ont-elles changé et ont-elles trouvé des solutions depuis que l’opposition les soulève ?
« Alors, pour mes détracteurs qui m’accusent de plagiat, puisqu’il s’agit du projet d’AMO, personne d’autre ne devrait plus parler d’Assurance Maladie Obligatoire, de l’Etat de droit et de la Démocratie, de la santé pour Tous dès lors qu’AMO en aurait parlé. Drôle de conception de la République ! », fait-il constater.
Jean Ping se défend « je ne me souviens pas que les rédacteurs de mon projet et moi-même aient recopié un quelconque projet dont la propriété avait été protégée à l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle à Yaoundé ! »
« L’UFA par exemple a fait des propositions intéressantes pour le Gabon, fallait-il les reprendre ou les ignorer purement et simplement au prétexte qu’elles ont été élaborées par d’autres. Moi je pense tout simplement que les reprendre est une bonne chose, parce qu’il s’agit du Gabon, de ce même Gabon que nous avons en partage », affirme-t-il.
« Je crois sincèrement qu’il faut clore ce faux débat d’experts mal inspirés, je considère donc pour ma part que ce débat est clos », conclu-t-il.
Au lendemain de la publication de son projet de société le 5 mai dernier, Jean Ping a fait face à une vague d’indignation de la part des amis, des héritiers politiques d’André Mba Obame, candidat à l’élection présidentielle de 2009, décédé en 2015 après une longue maladie. Les partisans d’AMO ont ouvertement accusé Ping d’avoir plagié le projet de société de leur idole.
Le pouvoir a pour sa part regretté que le projet de société de Jean Ping de n’avoir pas chiffré son projet de société.
« Ceux qui me font ce procès sont de mauvaise foi. On oublie vite que dans une dictature comme la nôtre, aucun cadre de l’administration ne peut s’hasarder à communiquer à l’opposition les chiffres réels de l’économie du pays ! » a-t-il fait constater.
Ping soutient qu’une fois élu, « nous chiffrerons cette fois-ci le programme du Gouvernement qui sera mis en place. Et ce chiffrage, qui va naturellement tenir compte des priorités retenues, sera fait à court, moyen et long terme ».