Le Syndicat national des magistrats gabonais (Synamag) a dénoncé, le 19 mai courant, dans le hall du palais de justice de Libreville, les dysfonctionnements qui minent l’autorité judiciaire. Appelant à l’annulation des mesures individuelles adoptées lors du dernier Conseil supérieur de la magistrature, il a demandé le retrait des politiques de cette instance.
Les dernières nominations effectuées au cours de la session du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du 10 mai dernier passent très mal. Respectivement promus premier président de la Cour d’appel judiciaire, présidents de chambre à la Cour d’appel judiciaire, conseiller et chargé d’étude Sidonie Flore Ouwé, Nancy Engadzas, Ebang Ondo Eyi, Anouchka Mabamba Mboumba et Michel Moudouma Moudouma ont, malgré eux, mis le feu à l’appareil judiciaire.
Selon le Syndicat national de la magistrature (Synamag), leurs nominations contribuent à créer ou entretenir des frustrations au sein de ce corps. Ces nominations ont porté «un coup mortel à l’exemplarité et la dignité des magistrats (…) mais aussi et surtout à l’honorabilité à laquelle renvoient ces différentes fonctions», a souligné Germain Nguema Ella.
Selon le Synamag, ces mesures individuelles ont été prises en violation non seulement de la loi n° 12/94 portant statut des magistrats, mais aussi et surtout des principes fondamentaux qui organisent la profession, à l’exception notable de celle concernant Michel Moudouma Moudouma, magistrat hors hiérarchie dont la nomination au poste de charge d’étude laisse penser à une sanction déguisée. Concrètement, ces nominations ne sont pas conformes aux dispositions des articles 33 et 34 du statut des magistrats. «Nous demandons au président de la République, en sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature et de garant de l’indépendance de la justice, de retirer purement et simplement ces décisions qui n’honorent pas cette institution», a lancé le président du Synamag.
Pour le Synamag, le CSM serait devenu un instrument au service du politique, qui entend prendre la justice en otage afin de satisfaire certains égos et régler des comptes à certains acteurs. «Nous demandons une réflexion profonde sur le fonctionnement de la plus haute autorité judiciaire, le CSM, afin d’y écarter de manière définitive les autorités politiques qui en sont membres», a fait savoir Germain Nguema Ella, indiquant : « Le Synamag a décidé de prendre, en son âme et conscience, ses responsabilités devant le peuple gabonais au nom duquel la justice est rendue en saisissant les juridictions compétentes». Ambiance…
Gabon : Mouvement d’humeur des magistrats au palais de justice Publié le: 19/5/2016 |