Face à la crise multiforme «alarmante» que traverse le Gabon depuis quelques années et qui détériore le climat sociopolitique à 4 mois de l’élection présidentielle, le médiateur de la République est monté au créneau, le 7 mai 2016, pour appeler tous les acteurs politiques et autres forces vives de la Nation au ressaisissement pour, précise-t-elle, prévenir le Gabon d’un «chaos».
Dans une déclaration sous forme d’appel à l’apaisement Laure Olga Gondjout, médiateur de la République, a lancé qu’«il devient donc impératif pour chacun, de prendre la mesure de la situation de notre pays». Dressant un tableau sombre du pays, elle a reconnu que le Gabon connait des crises : «morale, sociale, économique et politique». Ces différentes crises sont, selon elle, devenues «sournoises, profondes et dangereuses», susceptibles de mettre en péril l’unité nationale, gage de la paix.
L’appel à l’apaisement du médiateur de la République rentre dans le cadre de ses missions, visant à rechercher la paix sociale en période de crise. Pour ce faire, Laure Olga Gondjout a entrepris depuis deux mois une mission de consultation auprès des acteurs politiques (majorité et opposition), les leaders de la société civile et les représentants du corps diplomatique accrédité au Gabon. Le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, garant des institutions qui a été également consulté, est interpelé au plus haut point pour convoquer un dialogue inclusif susceptible de calmer les ardeurs.
«À vous, Monsieur le président de la République, chef de l’État, gardien de nos Institutions, garant de l’unité nationale, j’adresse un appel particulier. Vous êtes aussi le Gardien de nos valeurs culturelles et morales, et parmi celles-ci, le dialogue et la concorde», a-t-elle interpelé. À la fin de la mission qui se poursuivra dans les prochains jours y compris à l’intérieur du pays, le médiateur de la République adressera un rapport au président gabonais pour appréciation.
La mission des bons offices du médiateur de la République vise à décrisper la situation sociopolitique devenue progressivement périlleuse. Pour l’ancien secrétaire général de la présidence, tous les acteurs de la classe politique gabonaise doivent impérativement mettre tout en œuvre pour «se retrouver dans le corps de garde ou au pied de l’arbre à palabres», seule alternative de sortie de la crise latente dans laquelle le pays se trouve. L’ancienne directrice de cabinet d’Omar Bongo a prévenu la classe politique «qu’il vaudrait mieux vous écouter maintenant sans que la palabre ne soit imposée dans d’autres conditions et dans un contexte différent ; il est encore temps !».
Abordant les rumeurs au sujet de son éventuelle démission du poste de médiateur, Laure Olga Gondjout a précisé qu’elle ne démissionnera pas. Nommée en janvier 2014, son mandat cours jusqu’en 2017. L’ancienne dame de fer sous le régime d’Omar Bongo est soupçonnée d’être membre du Rassemblement Héritage et Modernité, ancien courant frondeur du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) érigé désormais en parti politique. Il est animé essentiellement par des cadres et autres députés démissionnaires du PDG dont l’ancien président de l’assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, candidat à l’élection présidentielle d’août 2016.