«Dans un article intitulé : «Autopsie de la classe politique gabonaise à l’approche de l’élection présidentielle» publié dans vos colonnes, Monsieur Léandre Bouloubou a accablé monsieur Raymond Ndong Sima de plusieurs accusations graves, d’amalgames et raccourcis hasardeux. Cela appelle de ma part, en tant que Directeur du cabinet de campagne de monsieur Ndong Sima, des précisions au titre du droit de réponse que je voudrais exercer en son nom, conformément à l’article 107 de la loi n° 2/2001 du 12 décembre 2001 portant code de la communication audiovisuelle, cinématographique et écrite en République Gabonaise», nous a écrit M. Fortune Nguema. Ci-après, le droit de réponse excipé.
Monsieur BOULOUBOU, il faut sortir de la prison de la courtisanerie et de la légèreté!
Le goût immodéré de certains agents publics enrôlés sous une bannière déterminée et abusivement mis dans la lumière par des réputations auto-entretenues et surfaites, à s’abandonner au chahut public et aux réflexions prématurées basées sur la seule approche politicienne de la courtisanerie, de la banalisation de l’injure et du dénigrement d’autrui, atteint son paroxysme en cette période de pré-campagne électorale à tel point qu’il est permis de se demander quand le processus s’arrêtera.
En proie à la «maladie du visage funèbre» et feignant de jouer à l’esprit sérieux, Monsieur Léandre Bouloubou s’est fait cadeau, dans le Quotidien en ligne GabonReview, d’un exercice qui tombe dans le ridicule dès lors que, militant politique et courtisan administratif, il a prétendu dégrader par un jugement faussement objectif qui disqualifie tous les candidats déclarés dont aucun n’aurait le profil et ne serait pas assez compétent pour exercer la charge de Président de la République, à l’exception du candidat sortant paré pour l’occasion d’un profil impressionnant que la majorité des Gabonais aurait l’injustice de ne pas voir.
Jouant à «qui veut sauver le Général Ali Bongo?» Monsieur Bouloubou consacre un portrait chaleureux et admiratif au candidat sortant en égrenant des actions incantatoires, bien éloignées des réalisations, de Monsieur Ali Bongo à la tête du Ministère de la défense pendant de trop nombreuses années et du septennat finissant comme si la communauté gabonaise tout entière les approuvait et en frémissait d’émotion et d’admiration.
On sait bien que les causes désespérées sont les plus belles et qu’il pourrait même y avoir quelque chose d’estimable à s’opposer au sentiment majoritaire des Gabonais qui jugent globalement négatif et désastreux le bilan du candidat sortant. Tout de même, est-ce après avoir discuté avec les militaires des camps particulièrement dégradés et à l’hygiène compromise de Baraka, de la Cité des Ailes, du PK9, de Gros Bouquet, etc, que vous êtes arrivés à la conclusion d’un bilan positif et d’une « armée en Or »? Pas sûr que les forces de sécurité et de défense qui tirent le diable par la queue comme beaucoup d’autres Gabonais soient de cet avis!
Quel terrible constat d’échec d’ailleurs que de se rendre compte que l’actif à exploiter du mandat qui s’achève n’est pas assez consistant pour servir d’argument principal de la campagne à venir et d’être obligé de se persuader que pour sauver le candidat sortant, des slogans, des pétitions de principe et des réflexes feraient aisément l’affaire! Non, le Président de la République ne souffre pas d’un malentendu injuste. Son bilan sur tous les plans est effectivement mauvais. Votre besoin publicitaire ne pèse pas plus que le sentiment majoritaire de déception et de colère de nos compatriotes sur le Président du temps perdu de ces dernières années! Personne n’a envie de se persuader de sauver à tout prix votre candidat!
Se sentant légitime en tout dans son «hémorragie monotone», notre « politomètre » de circonstances a tenu à marcher avec un épouvantable mépris sur les pieds de Monsieur Raymond NDONG SIMA pour tenter sa chance. Il fonde sa capacité à faire cet exercice sur ses états de service introuvables au Comité de Statistiques de 2003 à 2009, période pendant laquelle il aurait eu une bonne connaissance des actions menées par les décideurs politico-administratifs sur les 20 dernières années concernant la situation financière, économique et sociale de notre pays!
Malheureusement, là aussi, il tord le cou aux faits qu’il présente. Les appréciations qu’il prétend porter sont surprenantes pour un simple membre d’un Comité technique qui ne pouvait pas avoir une large vue sur les dossiers dont il parle.
Qu’on en juge. D’abord affirmer que Monsieur Raymond NDONG SIMA a été «fortement impliqué dans les réformes structurelles de grande envergure telles que les privatisations des entreprises publiques et parapubliques intervenues sur la période 1997-2007 dans le cadre des programmes d’ajustement structurel» est totalement faux. Tous les vrais techniciens et acteurs dans ces dossiers savent que Monsieur NDONG SIMA était parti de l’Administration en 1994 et a présidé le Comité de restructuration des entreprises publiques jusqu’à cette date. Il n’a jamais été associé ni eu à connaître du processus de privatisation desdites entreprises publiques dont l’adhésion et la doctrine n’ont été adoptées que deux ans plus tard par la loi n°1/96 du 3 février 1996 fixant les règles de privatisation des entreprises du secteur public.
Ensuite, vous dites : «vu du comité Statistiques, nous avons mal vécu ces privatisations qui ont été presque toutes mal négociées. Malgré la pression du FMI et la situation catastrophique des entreprises, il y avait de l’espace pour mieux faire». Autrement dit, Monsieur NDONG SIMA aurait mal négocié les privatisations.
Une telle appréciation erronée, venant d’un haut fonctionnaire qui se prévaut d’une grande science met à mal votre aptitude à embrasser et analyser correctement l’ensemble des paramètres d’un problème. Cela pose du reste plusieurs problèmes de fond. D’abord, l’appartenance à un comité statistique n’ouvre pas les dossiers de privatisation qui étaient du ressort d’un autre comité auquel vous ne semblez pas avoir été membre. Ensuite, est-il besoin de rappeler que Monsieur NDONG SIMA n’a jamais été membre du Comité de privatisation ayant négocié ces dernières? Au surplus, à supposer même que Monsieur NDONG SIMA y avait été associé, vous devriez savoir – puisqu’en tout état de cause, cela vous a été enseigné à l’ENA – qu’il n’aurait pas été de sa compétence en tant que fonctionnaire, de discuter et remettre en cause une décision d’orientation politique en substituant sa propre appréciation à celle du gouvernement et du Président de la République. Vous ne le savez peut être pas, mais le fonctionnaire a un devoir général de coopération et de mise en œuvre loyale des ordres reçus sauf si ces derniers sont manifestement illégaux. Or les orientations dont s’agit étaient adossées à une loi régulièrement adoptée par le Parlement. Enfin, le comité statistique dont personne n’a vu les chiffres publiés, n’avait pas plus que n’importe quel autre service administratif à contester une décision du gouvernement. Son rôle était de centraliser des informations statistiques et non de discuter des décisions politiques relevant d’une orientation de la politique économique qui est constitutionnellement du ressort du décideur politique et que l’administration se contente de mettre en œuvre.
Quant à l’action de monsieur NDONG SIMA au sein du Comité de restructuration des entreprises publiques qu’il a présidé de 1987 à 1994, la plupart des acteurs sont encore vivants et savent les raisons réelles pour lesquelles ces entreprises n’ont jamais été restructurées. Les recommandations de ce comité n’ont bien souvent pas été suivies par les pouvoirs publics qui préféraient protéger les clientélismes, les parents, les intérêts claniques et les amis qui dirigeaient lesdites entreprises publiques. Et il n’appartenait pas à Monsieur Raymond NDONG SIMA qui a assumé pleinement les devoirs et les ambitions de cette charge en proposant et en promouvant des positions utiles pour l’Etat et la collectivité avec une éthique de la responsabilité qui ne l’autorisait pas à empiéter sur les arbitrages que devait par la suite rendre le pouvoir politique. Il ne faut pas avoir l’imprudence et l’impudence de parler en public de ce qu’on ne sait pas; c’est un principe élémentaire de responsabilité et de bon sens!
Enfin, vous soutenez que les «plans de redressement des entreprises dirigées par Raymond NDONG SIMA ont fini au pire par une liquidation (CFG) et au mieux par une braderie du patrimoine national (Hévégab). Dans tous les cas, nous n’avions pas gardé de Raymond Ndong Sima l’image d’un grand capitaine d’industrie…»
Est-il indispensable pour satisfaire une démagogie de la grossièreté de proférer deux fois en l’espace de quelques lignes, des contre-vérités?
Comme vos informations sont fausses et plutôt rudimentaires, nous vous proposons de vous aider à les compléter. Sans vous infliger un long et fastidieux examen, vous noterez que l’ordre de mission reçu par Monsieur NDONG SIMA pour la CFG portait sur la réunion des conditions permettant la privatisation. Des documents datant de 1990, puisque cette année semble marquer le début chronologique de votre analyse, portent le témoignage de ce que ces conditions sous Raymond NDONG SIMA ont été réunies, les effectifs ont été réduits, le déficit a été ramené et la société a été rachetée et non pas liquidée – cela a une autre signification – par un opérateur privé qui est le groupe italien CORA’ WOOD.
Concernant Hévégab, quand M. Raymond NDONG SIMA en est parti en mars 1999, la société, en dépit de la forte chute du Cours de l’Hévéa entamée au second semestre de l’année 1998, n’était pas privatisée. Et aucun processus de privatisation n’avait été entamé ni même envisagé. Monsieur Raymond NDONG SIMA avait présenté un plan de redressement approuvé par le Conseil d’administration au sein duquel siégeait l’Agence Française de Développement (l’AFD) et vous pourrez demander à l’AFD de publier son avis relativement à ce dernier. Là encore la plupart des acteurs et décideurs politiques de cette période sont vivants pour témoigner de ce qui s’est passé par la suite dans ce dossier!
Avant de vous investir dans des affirmations gratuites il faut vous renseigner. Aucune société dirigée par Raymond NDONG SIMA n’a jamais fait l’objet de mesures de procédures collectives. Ni redressement, ni liquidation judiciaires. Vous devez quand même savoir faire la différence entre la privatisation et la liquidation, non?
Pour ce qui est de votre hommage involontaire à propos du rôle d’artisan joué par Monsieur NDONG SIMA dans la construction du modèle de l’économie gabonaise «qui sert encore aujourd’hui à faire des prévisions de croissance et le cadrage macroéconomique. C’est certainement tout ce qui peut être mis à son crédit sur le périmètre de l’analyse.», cette audace facile est lamentable! Etes-vous qualifié pour porter des appréciations même positives et juger de ce qui peut être mis au crédit de Monsieur NDONG SIMA? D’où tirez-vous une telle légitimité?
Monsieur Léandre BOULOUBOU, on vous remercie de vouloir nous aider à choisir ce que nous devons croire. Mais concentrez-vous sur le Projet «Graine» qui doit vous mobiliser entièrement et auquel vous devriez consacrer toute votre énergie et votre intelligence pour qu’il ne connaisse pas la mauvaise fortune qu’il traverse en ce moment par suite de l’arrêt des financements d’Olam. Rassurez-vous. Nous pouvons nous passer de vous et de votre expression publique par ailleurs en totale contradiction avec la dignité, l’impartialité, l’intégrité, la probité, la neutralité, la prudence et la retenue etc, qui sont des valeurs et des obligations censées s’imposer à l’agent public que vous êtes qui, il serait peut être bon de vous le rappeler, n’est au service ni d’une personne, ni d’un parti, ni d’un programme politique! Nous sommes assez grands pour savoir qui a le meilleur profil pour redresser notre pays. Les Gabonais n’ont nullement besoin de vos appréciations militantes, péremptoires et sommaires complaisamment proférées sur un ton tel qu’il est permis de se demander si vous avez vraiment les moyens de soutenir votre mépris.
La politique est une affaire sérieuse. Elle mérite mieux que la volubilité profuse et trop souvent contente d’elle des courtisans administratifs et politiques. Ce n’est pas un bon exemple pour la collectivité dans son ensemble, quand la politique devient ce trottoir où les inutiles bavards amateurs de slogans et de la bouillie de mots creux viennent se prostituer!