Une nomination à l’hôpital régional de Melen, survenue lors du Conseil des ministres du 28 avril dernier, semble dérouter les agents de cette structure sanitaire, qui s’interrogent sur les critères ayant prévalu à cette occasion.
Le Programme pour l’égalité des chances demeure mal compris ou mal intégré par certains membres du gouvernement, qui devraient exiger un atelier d’explication et de démystification, avant de se lancer dans la récitation.
Tout se passe comme si la volonté d’Ali Bongo de «passer d’un système de privilèges indus à un système d’égalité qui mènera résolument les populations sur la voie de la richesse et de la prospérité partagée» ne fait pas toujours sens pour ceux qui sont supposés la traduire en actes.
Les agents en service à l’hôpital régional de Melen ont ainsi eu la désagréable surprise d’apprendre, le 28 avril dernier à l’issue du Conseil des ministres, que l’une de leurs collègues, Perpétue Berthe Kale Blivi, simple infirmière, a été promue à la fonction de chef de service ophtalmologie, en remplacement du Dr Yvette Mengué. La promue miraculée brûle ainsi la politesse à deux infirmier majors de la même entité et surtout à deux docteurs : celui dont elle prend la place – Yvette Mengué – et le Dr Patricia Bongo. Un exemple qui prouve aisément que «l’égalité des chances» demeure une incantation.
Les deux docteurs placés miraculeusement, ou absurdement, sous la coupe d’une simple infirmière n’ont d’ailleurs pas été mutés ailleurs, comme s’il s’agissait de les humilier. Elles vont devoir quitter le bureau qu’elles partagaient, puisque celui-ci doit désormais être occupé par celle qui vient de réaliser un bond administratif géant. Si ce n’est pas le meilleur procédé pour crisper l’atmosphère de travail dans ce service, ça y ressemble fort en tout cas. Deux médecins spécialistes, docteurs, supervisés par une simple infirmière, la situation va conduire nécessairement à l’éxacerbation des frustrations et même du complexe d’imposture pour la promue miraculée. Bonjour l’ambiance et la qualité du service.
A l’heure de l’égalité des chances, l’avenir professionnel tiendrait-il des accointances ou du mérite ? Et pourtant, quatre jours avant cette nomination, le Premier ministre faisait part à la jeunesse de l’urgence d’accélérer la cadence des réformes législatives et réglementaires afin de lever et atténuer les entraves au bien-être des populations. «Nous devons rompre avec le schéma social que nous avons connu jusque-là et qui a fait le lit à tant d’injustice et de marginalisation», lançait-il. Egalité des chances, vous avez dit égalité des chances ?