Dégradation de la croissance économique, dégradation de l’emploi, crises sociales multiformes, contraction du budget public, faillite des entreprises, montée du chômage. Bref, les Gabonais ont célébré la fête du travail avec une véritable pression économique sur leurs épaules.
Dimanche, 1er mai 2016. Le moins que l’on puisse dire c’est que la morosité a marqué la célébration de la fête du travail. Bon nombre de travailleurs ont préféré vaquer à leurs occupations religieuses, plutôt que de célébrer la journée mondiale dédiée aux travailleurs. Normal quand on sait qu’ils sont nombreux, les Gabonais à n’avoir pas actuellement le cœur à la fête ! Et pour cause, des milliers d’emplois dans le secteur pétroliers sont menacés, les salaires impayés dans d’autres boites dont la poste, sans parler des inégalités sociales. Autant de facteurs venus plomber la dernière célébration de la Fête du travail.
Pas grande affluence ?
« Cette célébration 2016 intervient dans un contexte de crise économique qui induit des conséquences dans le monde du travail, notamment des licenciements massifs et abusifs. Dans le secteur public par exemple, les conditions de travail des agents publics sont indésirables. Le travailleur gabonais dans ce contexte, médite sur l’avenir économique du pays, de son emploi, de ses enfants, sur les lendemains incertains. On se pose de questions : demain sera-t-il mieux qu’hier ? Ce sont ces questions qui nous animent durant cette fête de travail car on spécule et s’interroge », a expliqué Fridolin Mve Messa, Président de l’Union des syndicats de l’administration publique, parapublique et privée (USAP).
Cette manifestation ne change rien pour certains. Le temps de folie est révolu ! De nombreux travailleurs font désormais très attention à leurs dépenses. La détérioration de l’emploi, la précarité professionnelle dont nombreux sont victimes, l’insécurité au travail, les crises et les inégalités salariales, obligent plus d’un travailleur à faire des concessions et à affronter l’avenir avec peu de sérénité. « On n’a plus la tête à cette fête », confie un fonctionnaire ajoutant « c’est avant qu’on pouvait se permettre de suivre la cadence. Nos ressources nous le permettaient ».
Adieu les réjouissances !
Adieu les célébrations d’autrefois ! C’est l’autre constat effectué hier. Certains gabonais ont encore en mémoire le souvenir de ces manifestations qui accompagnaient le 1er mai tout comme le dévouement des entreprises pour la tâche. Aujourd’hui, c’est tout le contraire, la fête du travailleur n’est plus que réflexion.
« Le 1er mai n’est plus une fête de réjouissance pour le travailleur comme autrefois. Aujourd’hui, le travailleur moyen a perdu le sens de cette fête. Un grand vide existe ! A l’époque à cette célébration, il y avait beaucoup de manifestations autour. Je pense notamment au sixième Bima qui invitait les populations à prendre part aux différentes manifestations qu’ils organisaient notamment les visites de leurs locaux. Mais il y avait aussi les entreprises qui organisaient des cérémonies et auxquelles prenaient par la population c’était notamment le cas de la SOBRAGA », témoigne Régis Divassa, promoteur artistique et culturel.
Consensus à tout prix
Si certains se sont donnés une minute pour leurs loisirs pour oublier les aléas de leur profession tout comme le contexte économique actuel, pour d’autres, ce n’était tout simplement pas possible d’oser cet exercice. Pour préserver l’emploi, Fridolin Mve Messa appelle au consensus et compromis. « C’est avec beaucoup de précarité que nous passons cette fête de 1er mai 2016 en se disant, la crise est là, le contexte économique est difficile mais nous voulons tout faire pour que les emplois soient préservés et nous sommes prêts à faire des consensus pour cela ». Simple effet du politique ou contexte économique oblige, de nombreux gabonais ont peur pour l’avenir de leur emploi !