On le savait parti du Parti démocratique gabonais qu’il a servi de « manière sacerdotale », mais pas au point de créer une formation politique de l’opposition dont l’ambition est de l’amener conquérir, lui aussi, le fauteuil présidentiel. René Ndemezo’o Obiang, puisque c’est de lui qu’il s’agit, vient de ce point de vue de surprendre, car au moment où l’on évoque la candidature unique de l’opposition pour barrer la route de la présidence à Ali Bongo Ondimba, une tête, une de plus, vient créer le flou dans les esprits. Que veut-on réellement ?
Il est plausible de dire au vu de l’évolution de la situation politique dans notre pays, que la plupart des acteurs sont devenus amnésiques, car ayant oublié que lorsqu’ils étaient aux affaires, celui qu’ils soutenaient, à savoir Omar Bongo Ondimba, n’a eu, même au plus fort de la tempête, la vie sauve, que grâce à la complicité de prétendus opposants que l’on pourrait aujourd’hui, sans crainte de se tromper et par expérience, qualifier d’opposants de service.
Au fur et à mesure que l’on voit tous ces gens se mobiliser, donnant l’impression qu’ils le font pour sauver un peuple qu’ils ont, eux- mêmes, affamé, des contradictions se font jour entre eux qui donnent l’image de personnes qui ne prêchent pas pour la même chapelle.
Nous avions déjà justement interpellé sur la confusion de genres liée au fait qu’aucun n’ait un projet de société viable, susceptible de rencontrer l’assentiment du grand nombre, vu que tous ceux- là qui ont composé avec le « vieuxOmar » se sont vus dire que Dieu ne leur avait pas permis de faire du Gabon ce qu’ils sont en train de faire. Comme si Ndemezo’o Obiang faisait fi du testament de « Ya Omar » !
Parce que ce dont l’on a le plus besoin en ces jours d’une tristesse bien particulière, même si l’on ne veut nous présenter que la face visible de l’iceberg, c’est de gens qui viennent avec des ambitions non pas démesurées, mais raisonnables, de conduire le Gabon sur la voie de l’excellence, nous n’osons pas parler d’émergence, car cela requiert trop de critères dont celui du changement fondamental des comportements. Or, est-ce possible de sitôt ?
Que Ndemezo’o Obiang se fâche pour manifester son mécontentement devant le traitement qui est aujourd’hui le sien peut se comprendre, qui accepterait en effet de quitter les affaires et être rangé dans les tiroirs de l’histoire comme c’est son cas ? Mais qu’il se mette seulement maintenant à rêver à transformer le pays, ce qu’il n’a pas pu ou voulu faire du temps où il régnait en maître à penser auprès de l’ancien chef d’Etat gabonais, devrait paraître utopique, voire démesuré. Comme les autres anciens membres du gouvernement, il voit ses affaires péricliter à l’instar de son Union sportive de Bitam, USB, rien à avoir avec la fameuse clé qui, elle, sert de véritable périphérique d’entrée et de sortie, qui éprouve un mal fou à s’installer comme avant en haut du tableau comme on dit, cédant naturellement le fauteuil aux formations soutenues par des « émergents », suivez notre regard !
« L’Avion n’a pas marche-arrière, parce que… »
N’est- ce pas le signe des temps ? Lui, le grand stratège, a-t-il perdu de vue qu’en multipliant les candidatures, surtout lorsque l’on se proclame mû par un destin commun, de surcroît celui de sortir le pays du sous- développement, l’on est en train de faire le lit de l’adversaire et de fragiliser les ambitions des potentiels votants qui pourraient avoir une lecture biaisée de l’engagement dont les opposants font état.
Où René Ndemezo’o Obiang met-il les Jean Ping qui avec les Eyéghé Ndong, se battent, disent-ils, eux aussi, pour réhabiliter un peuple longtemps resté dans « l’esclavage » si l’on reprend leurs propres termes ? A ce rythme, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir à quel jeu jouent nos opposants et s’il est question de parler en ces termes d’eux, puisque si l’on tient compte des déclarations des uns et des autres, relatives à la rupture avec le parti qu’ils ont servi par le passé, il revient toujours, nous disons bien toujours, qu’ils en sont partis pour des raisons d’humeur strictement personnelles, à l’instar de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine qui dénonçait le manque de soutien des autorités de son pays lors de l’élection remportée par la sud- africaine Nkosazana Dhlamini Zuma et le fait que lui et les siens n’aient plus eu droit aux mêmes privilèges que ceux que leur offrait Omar Bongo Ondimba.
Alors que le peuple, lui, continue de réclamer de meilleures conditions de vie dans ce petit pays autrefois émirat pétrolier auquel l’on peut demander qu’est- ce qu’il faisait au temps chaud.
Tout ce qu’il y a lieu d’avancer, c’est que ce n’est pas en optant pour des candidatures individuelles, nombreuses dont on ne sait ni les tenants, ni les aboutissants, que le Gabon connaîtra son « printemps », mais en acceptant de s’humilier devant Dieu et devant les hommes en ressortant par exemple une partie de la fortune issue de rackets organisés en règle de vie sous « l’ancien régime » et la mettant à la disposition du grand nombre que l’on pourrait parler d’un élan national en marche. Mais d’ici à ce que l’on le comprenne de cette façon, il y a des années lumières à compter !