Si le vent d’un malaise économique mondial du secteur pétrolier n’avait pas sonné, tout irai bien pour les économies. Les contractions des budgets publiques, les recours fréquents aux emprunts, les politiques d’austérités, les réformes économiques, etc., ne devraient être envisagés.
Près de deux ans après son déclenchement, la crise du secteur pétrolier poursuit son élan et continue de propager à l’ensemble des économies de la planète ses effets indésirables. L’économie gabonaise qui tirait avant 2014, 50% de ses recettes budgétaires de cette ressource traverse certainement la pire trajectoire de son histoire au regard des écueils avancés par le Fonds monétaires international (FMI) sur la situation économique actuelle du pays.
D’une prévision de plus de 4% en 2015 contre seulement 3,2% en 2016, les prévisions de croissance économique affichent des marges très en deçà de la moyenne enregistrée depuis 2010. Cette chute de la croissance s’est directement traduite par une diminution de 25 milliards du budget prévisionnel de 2016 soit -4% par rapport 2015. "Ce budget estiment les autorités du Gabon, traduit cependant la ferme volonté du gouvernement de poursuivre les chantiers majeurs ayant un fort impact sur la croissance, le développement et le bien-être des populations". Il s’agit notamment des chantiers liés à la Can 2017, à l’accès aux services de base en milieu rural, à la construction du réseau national de fibre optique, à la l’usine de traitement d’eau de Ntoum 7 et au renforcement des structures de santé, d’éducation et de formation.
Si jusqu’à 2014, avant le déclenchement du malaise du secteur pétrolier mondial l’économie du Gabon se portait bien, les échecs qui ont succédé cette année tirent pour la plus part, leur origine de la crise actuelle du secteur pétrolier. Contractions de finances publiques, ralentissement des investissements publics et privés, explosion de la dette publique, réformes, etc., tout est imputable à la crise même lorsque d’autres facteurs liés par exemple à la mal gouvernance subsistent. La crise du secteur pétrolier ne peut à elle seule, expliquer les échecs dont soufre actuellement l’économie gabonaise.
La mal gouvernance, un autre facteur
Il y a certes, une relation de cause à effet entre la crise qui secoue le secteur pétrolier mondial et le ralentissement de l’économie nationale, mais celle-ci ne peut à elle seule l’expliquer. Le Gabon, contrairement à d’autres pays "supporte bien mieux que d’autres, les secousses dues à l’effondrement des cours des ressources naturelles" explique Christian Magnagna, ministre du Budget et des comptes publics dans une interview accordé au quotidien national l’Union. Toutefois cela ne pourrait durer longtemps.
A l’exemple de ses voisins d’Afrique, la corruption gangrène le pays. Le FMI fait état de réserves financières importantes qui pourraient permettre au Gabon de tenir encore quelques années. Si le cadre de gouvernance n’est pas harmonisé, il faut s’attendre au pire. Ce n’est pas tant que la crise tue l’économie gabonaise mais l’addition de cette crise avec la mal gouvernance accentue ce mal. Selon une enquête nationale menée par Afrobaromètre entre septembre et octobre 2015, 65% de gabonais sont inquiets de la gouvernance publique. Pas étonnant que les notations des grandes agences internationales concordent avec cette donnée. La corruption au Gabon "nuit à l’objectivité, à la justice et à l’égalité des chances, à l’équité et à la non discrimination, principe qui sous-tendent les droits humains". Voici le vrai mal à combattre.