En prévision, ce samedi 23 avril 2016 à Lambaréné, du premier congrès de l’Alliance pour un nouveau Gabon (ANG), parti politique se réclamant de l’opposition, quelques questions ont été posées à son président, le Dr Akuré-Davin. Un aperçu de la stratégie de l’opposition.
Gabonreview : Pourquoi Lambaréné comme lieu du premier congrès ordinaire du parti politique que vous présidez ?
Dr Akuré-Davin : C’est parce que Lambaréné est considéré par beaucoup de nos militants comme notre fief électoral. En effet, c’est à Lambaréné, chef lieu de la province du Moyen-Ogooué que nous avons la totalité de nos conseillers municipaux, qui sont au nombre de neuf. C’est pour cette raison que nous avons souhaité organiser cette manifestation dans cette ville située au cœur Gabon. Cela nous permet également de minimiser le problème de la représentativité de nos militants. Etant donné que la grande partie de cette représentativité réside dans cette province. Ce congrès est organisé, du moins pour ses conclusions, le samedi 23 avril 2016 à partir de 13 heures à l’hôtel Ozigo, au quartier Isaac.
Ce congrès est placé sous le signe de la Décision. Cela signifie-t-il que l’ANG va prendre une décision importante ?
Effectivement ! Il est question du fonctionnement et de l’implantation de notre parti. Le congrès qui est la plus grande instance de décision de notre parti doit répondre à deux questions. La première est de savoir, quel est le candidat que présente l’ANG à la prochaine élection présidentielle ? A cette question s’ajoute une deuxième, à savoir, si le congrès présente un candidat, qui sera-t-il ? Sinon, parmi la kyrielle de candidats présente aujourd’hui sur le terrain politique de notre pays, lequel va avoir les faveurs de notre parti ? C’est pour cela que ce premier congrès ordinaire s’appelle «Congrès de la décision», puisque nous devrions répondre à toutes ces questions.
Sur vos affiches et banderoles, il y a votre photo et celle de Guy Zouba Ndama, fraichement démissionnaire du poste de président de l’Assemblée Nationale, présenté comme votre invité d’honneur. Etant donné qu’il s’est également déclaré candidat à la prochaine présidentielle, votre choix n’est-il déjà pas tout indiqué ?
Je ne pense pas que ce soit un choix, même si sa présence à ce congrès n’est pas fortuite. Nous avons un certain nombre d’invités. Il est l’invité d’honneur parce que nous voulons ici faire référence à la stature de la personne. Mais il y a bien sûr d’autres présidents de partis à ce congrès qui sont des invités d’honneur.
Nombreux souhaitent de tout cœur que l’opposition aille unie à cette bataille électorale. Mais l’opposition est toujours divisée depuis les années 1990. Aujourd’hui, l’une de ses franges opte pour le départ du pouvoir du président de la République actuel, avant l’élection présidentielle, tandis que l’autre milite pour sa défaite dans les urnes. Quelle est la position est l’ANG ?
L’ANG pense que ces deux situations ne sont pas antinomiques. Nous avons signé la déclaration de l’Union sacrée pour la patrie dans laquelle le premier point est de faire barrage à la candidature d’Ali Bongo Ondimba. Et nous pensons que ce point de vue est partagé par l’ensemble des candidats de l’opposition. Que ce soit ceux qui pensent qu’il faut en même temps préparer l’élection et ceux qui pensent le contraire. Pour notre part, nous pensons qu’on peut adhérer à la première décision, c’est-à-dire faire barrage à la candidature d’Ali Bongo Ondimba et parallèlement préparer l’élection présidentielle. C’est ce qu’on appelle avoir deux fers au feu. Avoir toujours deux positions si d’aventure le plan A n’arrivait pas à son terme. Nous persistons et signons en disant que ces deux positions ne sont pas contradictoires et ne s’excluent pas.
Faire barrage au président de la République actuel. Expliquer la manière de le faire, serait-il trahir un secret ?
Non ! Je crois que l’expliquer maintenant n’est pas trahir un secret, en dehors de certaines dispositions stratégiques qui bien sûr ne peuvent pas être exposées. Mais il y a essentiellement deux aspects. Le premier est de s’appuyer sur ce qui persiste aujourd’hui concernant le flou de la situation administrative du chef de l’Etat actuel. Et je voudrai faire un parallèle que je mets entre parenthèse : la Constitution gabonaise est aux Gabonais ce que la bible est aux chrétiens et le coran aux musulmans. Cela signifie que cette Constitution est la référence obligatoire. Ce n’est pas une possibilité, c’est une obligation. Donc, tous les gabonais doivent se soumettre aux contraintes de la Constitution. Et dans son article 10, cette Constitution dit bien que ne peuvent être candidat à la magistrature suprême que ceux qui sont nés Gabonais. Aujourd’hui la seule chose qui prouve qu’on est né Gabonais, ce sont les papiers d’identité dont l’acte de naissance est à la base. Or, il y a tout un flou sur la situation administrative du président de la République sortant. C’est cette situation qu’il faut clarifier. Le deuxième aspect, c’est son bilan dans lequel je ne voudrais pas rentrer dans les détails, mais qui est d’une manière générale très négatif. Voilà autant de questions, et ce n’est pas exhaustif, qui nous appellent aujourd’hui à dire : non seulement il ne doit pas prendre part aux élections mais que nous ne pouvons plus prendre le risque de le choisir comme président de la République.