Le contexte de tension budgétaire apparu mi-2013, dû au volume excessif des grands travaux entrepris conjugué à la baisse des recettes pétrolières (-5%) reste d’actualité.
Le budget 2014, qui s’affichait initialement à la hausse (+6,2%), a dû être révisé à la baisse (-5,9%) et la loi de finances 2015, basée sur un baril à 80 dollars, a fait, en cours d’année, l’objet d’une nouvelle loi de finances rectificative conduisant à une contraction supplémentaire des dépenses sur la base d’un baril à 45 dollars.
En 2016, l’hypothèse retenue est celle d’un baril à 42dollars ; ce qui conduira sans doute en cours d’année à une loi de finances rectificative du fait de l’absence de remontée des cours. Dans ce contexte, le budget 2016 repose sur des prévisions jugées optimistes. Le niveau des recettes totales (2043,9 milliards de Fcfa) est en hausse de 11,4%, tirées par l’augmentation attendue des recettes hors pétrole (+11,5%), le gouvernement pariant sur une croissance soutenue de l’activité des secteurs secondaires et tertiaires.
La dépense enregistre une hausse de 4%, à 2152,2 milliards de Fcfa : les dépenses d’investissement chutent de 6%, la baisse du financement sur ressources propres étant plus accentuée (-43 3%), tandis que les dépenses courantes augmentent de 4,6%.
Les dépenses de personnel restent stables à 732 milliards de Fcfa et absorbent plus du tiers des recettes publiques. Les intérêts sur la dette publique progressent de 43,7% à 180,2 milliards de Fcfa.
Les besoins de financement pour l’année 2016 sont estimés à 108,2 milliards de Fcfa. L’accroissement des dépenses publiques et la baisse sensible des revenus pétroliers se sont traduits par une augmentation de la dette publique, qui a plus que doublé de 2012 à 2015.
Elle est ainsi passée de 20 à près de 40% du PIB (au-delà du plafond national d’endettement de 35%, mais bien loin du seuil communautaire de 70%), par une chute des dépôts à la banque centrale, ainsi que par une accumulation importante des arriérés de paiements tant sur le plan domestique qu’extérieur. Le FMI retient un ratio d’endettement de 43% du PIB.
Ces contraintes budgétaires nouvelles ont conduit le Gabon à davantage se tourner vers l’extérieur pour assurer le financement de ses projets d’investissement (75 % des dépenses en capital seraient financés sur ressources extérieures en 2016). La dette publique gabonaise est ainsi constituée à 85% de dette extérieure, de moyen et long terme, principalement placée sur les marchés financiers ou auprès d’institutions commerciales à hauteur de 63%.
Marcel Saint-clair avec le service économique de Libreville