Onze ans après sa plainte contre l’État français, demandant 200 milliards d’euros pour le préjudice subi par les descendants d’esclaves, la Martinique ne désarme pas.
En 2005, la Martinique a porté plainte contre le gouvernement français. Elle demandait 200 milliards d’euros pour le préjudice subi par les Martiniquais descendants d’esclaves. Malheureusement, cette initiative n’a pas prospéré. Pour ses auteurs, cette indifférence des autorités françaises face à la loi n° 2001-434 du 21 mai 2001 dite « loi Taubira », qui reconnaît l’Esclavage comme un crime contre l’humanité, relève du fait que «la France est un État fort qui est surtout connu pour sa capacité à bafouer les droits internationaux. A cela vient s’ajouter le fait que la Martinique reste, jusqu’à nos jours, une colonie française».
Cette plainte a réveillé toute la Caraïbe, qui demande réparation des injustices liées à l’esclavagisme. Ainsi, Haïti réclame le remboursement des 21 milliards de dollars versés au gouvernement français entre 1825 et 1946 comme frais de réparation des supposés préjudices que les planteurs français disaient avoir subi durant la guerre d’indépendance. Du 9 au 11 avril 2016, la Commission pour les réparations de la communauté des Caraïbes (Caricom), en collaboration avec «The Institute of the black world», a organisé, à New-York, un sommet international sur cette question, avec pour but d’exiger des Etats esclavagistes le payement aux descendants d’esclaves des dédommagements du préjudice subi par leurs familles.
Les descendants des victimes de la traite négrière peuvent-ils obtenir réparation ? Si oui, après combien de temps et de quelle nature ? Initialement, la « loi Taubira » comportait un article 5 incluant un paragraphe concernant les réparations : «Il est instauré un comité de personnalités qualifiées, chargé de déterminer le préjudice subi et d’examiner les conditions des réparation dues au titre de ce crime», pouvait-on lire. Cet article fut retiré par la Commission des lois de l’Assemblée nationale française.
L’Esclavage a été définitivement aboli en France en 1848. On peut s’étonner que des actions en justice soient intentées plus de deux siècles plus tard. Mais n’est-il pas aberrant qu’il ait fallu attendre 2001 pour qu’une loi française reconnaisse la traite négrière comme un crime contre l’humanité ?