Le diplomate a abordé dans un entretien tout récemment accordé au site de Jeune Afrique la crise au sein du parti au pouvoir.
C’est décidément une habitude au Parti démocratique gabonais (PDG) que de ne pas identifier les problèmes et prétendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ces deux dernières années, le parti au pouvoir va mal voire très mal, au regard du nombre de démissions, la qualité des démissionnaires et l’atmosphère qui y prévaut. Si pour certains la situation est manifeste depuis 2013, beaucoup s’accordent à reconnaître que le PDG vacille. Pourtant, ses militants et sympathisants ne voient rien ou font mine ne rien voir. C’est du moins ce que laisse penser la récente interview, sur le site de Jeune Afrique, de l’ambassadeur du Gabon en France.
Tout au long de l’échange, Germain Ngoyo Moussavou s’est évertué à minimiser la défection de l’ancien président de l’Assemblée nationale, tout comme il a semblé ne faire que peu de cas des démissions de Jean Ping, Jean François Ntoutoume-Emane et des 12 députés se réclamant du groupement «Héritage et Modernité». En réalité, le diplomate a relayé les propos d’Ali Bongo sur la Voix de l’Amérique (VOA), suite à la démission de Guy Nzouba Ndama. Il a décrit cette démission comme l’expression d’une colère personnelle, consécutive à la fin de certains privilèges.
Rappelant que «ce n’est pas la première fois qu’on enregistre la démission d’un président de l’Assemblée nationale», il a affirmé que «la pratique», courante dans le pays, voudrait que «quand on vous enlève vos privilèges, vous claquez la porte et, parfois, vous revenez lorsque la situation s’arrange». Pour l’ancien président du groupe PDG au Sénat, «à l’époque aussi il y avait beaucoup de défections». «En 2009, on a enregistré des départs après les primaires organisées au sein du PDG. Tous les rivaux du président actuel sont partis et se sont présentés contre lui. On avait déjà dit que le parti ne survivrait pas. Je constate que le PDG est toujours debout et majoritaire à l’Assemblée et dans les conseils municipaux», a-t-il argumenté. Comme quoi, il n’y a pas péril en la demeure. «Tout cela n’est que de l’écume», a-t-il lancé. Il en veut d’ailleurs pour preuve le fait que «le parti au pouvoir compte 113 députés». Ceux ayant démissionné compteraient presque pour du beurre, alors qu’en dépit des «trois députés indécis» n’ayant pas assisté à la rencontre entre le président de la République et les 95 députés présents, «il reste plus de 100 députés au PDG». Et c’est visiblement suffisant pour l’ambassadeur, qui estime qu’«il n’y a pas de raison d’être inquiets». Et pour cause, les contempteurs du pouvoir luttent pour leur survie. «Le président a mis fin aux privilèges de certains. Et ces gens-là n’acceptent pas de laisser la place aux jeunes», assure-t-il.
Au sujet de l’acte de naissance controversé d’Ali Bongo, Germain Ngoyo Moussavou estime qu’il s’agit d’«un débat inique», qui pourrait ressembler à l’ouverture de la boîte de Pandore «dont les effets malfaisants pourraient le rattraper lui-même», allusion à Jean Ping.