Au sortir de la réunion des ministres de zone Franc tenue les 8 et 9 avril à Yaoundé, les experts monétaires des 14 pays de l’espace ne sont pas fixés sur le sort de cette monnaie coloniale.
Le destin du franc des Colonies françaises d’Afrique, créé en 1945, devenue plus tard franc de la Communauté financière africaine continue de diviser l’ex-tutelle coloniale aux Etats ayant adopté cette monnaie pour leurs échanges. En fait lors de la réunion des ministres de la Zone Franc tenue à Yaoundé à l’effet d’examiner la situation économique des pays africains frappés par la dégringolade des cours des matières premières, le débat n’a pas être évité.
D’un côté, on a les détracteurs de la monnaie franco-africaine qui pointent à l’index le coût exorbitant de cette tutelle qui continue d’exiger un dépôt de garantie au trésor français représentant 50% des réserves de change des 14 pays de la zone CFA. Cette masse monétaire qui constitue le compte d’opérations des pays de la zone CFA représentait, en 2015, 14 milliards d’euros soit 9170 milliards de FCFA.
Nombre d’entre eux à l’instar du président tchadien Idriss Déby Itno dénoncent le fait que la politique monétaire des pays africains soit adossée à celle de l’euro. Ce qui n’est pas toujours en phase avec leurs intérêts. «Cette monnaie, elle est africaine. Il faut maintenant que, réellement, dans les faits, cette monnaie soit la nôtre. (…) Il y a des clauses qui sont dépassées. Il faudra les revoir dans l’intérêt de l’Afrique et dans l’intérêt aussi de la France. Ces clauses tirent l’économie de l’Afrique vers le bas», expliquait le président tchadien lors des 55 ans de son pays.
Son avis semble aujourd’hui partagé par son homologue Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, pour qui, tôt ou tard, il faudra ouvrir le débat sur le destin de cette monnaie. « Il est clair que tôt ou tard c'est une discussion qu'il faudra ouvrir, au regard également des difficultés que traverse l'Europe depuis quelques années», indique-t-il.
Pour les économistes, le Franc CFA pourrait être adossé à un panier de monnaie qui lui assurerait plus de convertibilité et moins de contraintes en termes de couverture.
Pour la France, les pays africains sont tout à fait libres de renoncer à cette tutelle. «La France est entièrement ouverte à toutes les discussions. Tous les pays membres de cette zone monétaire sont libres et indépendants», assure Michel Sapin, ministre des Finances de l’Hexagone.
Les pourfendeurs des volontés d’émancipation des pays africains relèvent que le taux de change fixe lié l’euro, ainsi que la garantie de la France, confèrent et assurent aux économies CFA une stabilité profitable.