A quelques quatre mois du scrutin on enregistre déjà une dizaine de candidats déclarés. Et au rythme où vont les choses, certains prédisent déjà un bataillon de candidatures, qui risque d’être préjudiciable pour l’alternance politique. Seulement, parmi ceux qui ont déjà déclaré leur candidature, certains s’illustrent par les invectives et injures, et ce, alors que la campagne électorale n’est pas encore ouverte. Des phrases assassines tirant le débat politique vers les profondeurs abyssales. Retour sur quelques « perles » de la présidentielle à venir.
La prochaine présidentielle aura lieu dans un contexte atypique au Gabon. En effet, c’est la première fois que le Parti Démocratique Gabonais, aux affaires depuis près de cinq décennies, va au front contre des opposants très hargneux, plus grave provenant de ses propres rangs. Si jusque-là, Ali Bongo Ondimba, (Président sortant et candidat à sa propre succession) et Jean Ping, faisaient tous les deux figures de grands favoris, voilà que l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama vient d’entrer dans la danse. Du coup, la bataille électorale enregistre désormais une nouvelle configuration et ambiance ! Dans la foulée de cette fièvre électorale, les attaques, piques et autres phrases assassines entre adversaires pleuvent déjà. Des véritables tirs groupés contre Ali Bongo Ondimba. Un peu normal, estiment certains observateurs qui sont d’avis que l’actuel locataire du palais de ver du Bord de mer, porteur d’un bilan suscitant moult commentaires, veut rempiler.
La sortie du bois de Nzouba
Que ce soit lors de la déclaration officielle de sa candidature, le 05 avril dernier, ou lors de l’entretien qu’il a accordé à la BBC, Guy Nzouba Ndama ne manque pas de critiquer « l’amateurisme » d’Ali Bongo. « Nous nous rendons compte qu’après 7 ans, ça a été la grande désillusion ». La grande désillusion parce que, explique-t-il, « il y a autour de lui (Ali Bongo) un certain nombre d’éléments qui ont profité de sa naïveté, ou alors ont profité de ce qu’il les a laissé faire, et qui ont fait n’importe quoi des finances publiques ».
Pour Guy Nzouba, le bilan d’Ali Bongo Ondimba est donc négatif, l’actuel Président de la République n’incarnerait plus les valeurs du dialogue et du consensus prônées par le « PDG originel » de son prédécesseur et père Omar Bongo Ondimba. Pire ce dernier n’admet pas l’émergence au sein du parti des voix contraires. « Autant de manquements qui pourraient être préjudiciables à sa réélection en 2016 », si l’on en croit Guy Nzouba Ndama lors de l’interview qu’il a accordée le week-end écoulé à nos confrères de la BBC.
La charge de Jean Ping
« Aller à l’élection avec Ali Bongo serait un acte d’instabilité dans notre pays ». C’est l’une des déclarations faites par le natif d’Omboué, lors d’une conférence de presse le 06 avril dernier, à la Chambre de Commerce de Libreville. Jean Ping dénonce une « militarisation active du pays », et soupçonne ainsi Ali Bongo Ondimba de vouloir utiliser l’armée pour passer en force, au cas où ce dernier venait à perdre l’élection. Pour lui, il faut déjà « siffler la fin de la récréation » du « pouvoir très impopulaire » d’Ali Bongo Ondimba, en saisissant officiellement Brazzaville pour que les autorités congolaises fassent la lumière sur la situation administrative de son rival.
Quid de la riposte d’Ali Bongo ?
Lors du congrès ayant débouché sur son investiture, le 12 mars dernier, Ali Bongo Ondimba en personne, n’a pas manqué l’occasion de s’en prendre vivement à ses adversaires qu’il qualifie de « faux prophètes »,« marchands d’illusions », et de « perfides menteurs qui sèment la division et la haine ». Non sans les traiter de ceux qui « aboient » pendant que passe la caravane. Pour lui, les opposants font preuve de mauvaise foi, en refusant systématiquement de reconnaître le travail qu’il a abattu depuis son accession à la magistrature suprême. Dans la même foulée, il estime que l’opposition fait dans la diversion, car n’ayant aucun projet de société concret.
Cette guéguerre entre « vieux amis » est loin de connaitre son épilogue. D’ailleurs, les attaques ne manqueront pas de s’intensifier à l’approche du scrutin.