Présenté ces dernières années comme l’un des plus farouches contempteurs du système éducatif mis en place par les gouvernants actuels, l’ancien leader étudiant a récemment exprimé son soutien au président de la République à qui il a tenu à faire parvenir une lettre d’encouragement.
Le fait est plutôt inhabituel, même si d’aucuns ont dit ne pas avoir été surpris par le supposé «retournement de veste» de l’auteur de la lettre d’encouragement adressée au président de la République, le 8 avril dernier. Déjà accusé de faire le double jeu alors qu’il comptait parmi les leaders étudiants les plus charismatiques de l’Université Omar Bongo (UOB) au sein de laquelle il a pris part et contribué à de nombreuses manifestations de colère pour exiger de meilleures conditions d’études et de vie pour les étudiants, Boris Mba Okey ne faisait pas l’unanimité au sein du «noyau dur». D’où les tensions récurrentes avec d’autres leaders, à l’instar de Nicolas Ondo Aubame, Firmin Ollo et Anatole N’nang.
Les trois leaders, exclus depuis de l’UOB pour diverses raisons, le présentaient alors comme «un espion du palais», dont la mission était de saper de l’intérieur leur mouvement. Une accusation que l’intéressé avait vite fait de démentir, justifiant sa totale adhésion à la cause de l’étudiant par le fait qu’il s’était retrouvé, lui aussi, en prison pour les grèves menées à l’UOB. Mais de l’eau semble avoir coulé sous les ponts, et l’ancien leader, qui s’est peu à peu écarté de l’université, semble avoir pardonné à ses «adversaires» de l’époque, et a décidé de se rallier du côté de ceux qui font bien, ceux qui travaillent pour le bien-être des populations, en l’occurrence du côté d’Ali Bongo. Et les raisons de ce positionnement ne manquent pas. «Que cela n’en déplaise à certains, le Gabon aujourd’hui a un autre visage. Quand je marche dans les rues de Libreville, notre capitale, je constate ce nouveau visage. Les jeunes entreprennent malgré les difficultés de la vie, car (le président de la République leur a) donné le désir et les armes pour le faire. Les femmes sont de plus en plus engagées dans notre société», a-t-il justifié dans sa correspondance, avant de poursuivre, à l’endroit de son destinataire : «La situation économique difficile que traverse le Gabon actuellement à cause de la baisse du prix du baril de pétrole ne vous a pas freiné dans votre élan pour le développement de notre pays. Vous avez su prendre les devants en initiant des projets permettant à notre économie d’être à la longue moins dépendante aux fluctuations du prix du baril de pétrole.»
S’il n’a pas manqué de rappeler au président de la République que «d’autres efforts doivent être faits» pour un meilleur développement du pays via le renforcement de son économie, Boris Mba Okey n’en a pas moins cité l’interdiction d’exporter les grumes, le projet «Graine», la mise en place de la Zone spéciale de Nkok et la construction du Complexe métallurgique de Moanda comme des exemples de bonne gestion ; et la réforme du système de sécurité sociale et le lancement du programme de l’égalité des chances comme les preuves que le président de la République se soucie des populations.
Présenté ces dernières années comme l’un des plus farouches contempteurs du système éducatif mis en place par les gouvernants actuels, l’ancien président du «Comité welcome day» a semblé avoir mis beaucoup d’eau dans son vin, assurant que sur le plan de l’éducation, depuis 2009, de grandes réformes ont été lancées malgré la lenteur de leur mise en œuvre. Toutefois, il a relevé que l’augmentation des bourses d’étude et les salaires des enseignants sont autant de preuves de la volonté d’Ali Bongo de bien faire. «Aujourd’hui, le bon sens et l’amour pour mon pays m’amènent à vous écrire pour vous dire que vous êtes sur le bon chemin, nous sommes sur le bon chemin. (…) Et je pense du tréfonds de mon âme que le Gabon sera un pays émergent en 2025 car il a à sa tête un véritable leader, un immortel», a-t-il adressé.
S’il a dit envisager les critiques acerbes à la suite de sa correspondance, l’ancien leader étudiant de l’UOB a confié : «Je pense très sincèrement ce que j’ai écrit. Et je pense avoir le droit de dire ce que je pense.»