Une question scandaleuse (vu le contexte), mais qui mérite d’être posée au regard de la crise à laquelle fait, actuellement, face le Parti Démocratique Gabonais. Cette formation politique est secouée par une vague de démissions, sans précédent, la dernière en date étant celle du Président de l’Assemblée Nationale, Guy Nzouba Ndama, par ailleurs candidat à la présidentielle à venir. A cette démission s’ajoute celle des 9 autres parlementaires, (fraichement radiés par le directoire du parti).
C’est la fin du règne, et même d’un très long règne diraient certains. Voilà comment, dans l’opinion, la valse parlementaire est perçue. Normal, quand on sait que l’actuelle salve de démissions des députés pédégistes, (la plus fracassante étant celle de Guy Nzouba Ndama, en pleine session plénière, du poste de perchoir de la « maison du peuple »). Pour justifier cet acte, Guy Nzouba Ndama évoque une crise de confiance entre l’Institution dont il avait la charge et l’Exécutif, notamment par les récurrentes incursions policières dans « la Maison du Peuple », et ce, en violation flagrante de l’honneur et de l’immunité des députés.
Un départ qui doit certainement donner du tournis aux autres caciques du parti, qui y voient un non-événement, dont Ali Bongo Ondimba en personne, qui dans un entretien posté par Michel Ogandaga, un de ses proches sur son compte facebook, affirme qu’ « il n’y a pas péril en la demeure ». Pour leur part, les démissionnaires reprochent à Ali Bongo Ondimba sa gestion autocratique du pays et le manque de démocratie au sein du Parti Démocratique Gabonais. Michel Menga Messone, un des parlementaires dissidents parle lui d’un phénomène « inédit dans le pays ». Avant d’ajouter « nous espérons que ce qu’on vient de faire fera tache d’huile ». Allusion faite implicitement aux soixante huit autres députés qui devraient, eux aussi leur emboîter le pas.
Une situation inédite et lourde de conséquences
Avec les trois autres exclus par le directoire du parti, ce sont 13 députés du PDG qui ont déposé leur tablier. Avec les soixante huit autres annoncés, si la rumeur se confirme (comme c’est souvent le cas au Gabon), ils seront 81 démissionnaires sur les 114 que compte cette chambre du Parlement. Une situation inédite ! Les conséquences ne sont pas situer qu’à la simple fragilité du parti. L’article 39 de la constitution prévoit l’organisation d’élections partielles en cas de vacance de siège à l’Assemblée nationale dans un délai qui ne doit pas excéder deux mois. L’organisation de telles élections dans la totalité des sièges vacants peut être bien ardue pour le gouvernement qui n’a pas forcément prévu de telles dépenses supplémentaires et impromptues, surtout en cette période de conjoncture économique.
Hormis cela, c’est la Présidentielle, elle-même qui risque d’être affectée, du moins si le calendrier électoral est réaménagé. Un tel dessein conduirait inévitablement à une crise de légitimité d’Ali Bongo Ondimba, au-delà du 16 octobre prochain. S’il advenait que « l’hémorragie » perdure au PDG, le risque d’une crise politique de grande ampleur au Gabon n’est pas à exclure !