Le candidat à la prochaine présidentielle a réagi, le 6 avril dernier à Libreville, à l’idée distillée selon laquelle il prépare un génocide au Gabon. Les leçons à la presse de Jean Ping.
En présence de quelques néo opposants tels que Guy Nzouba Ndama et Alexandre Hugues Barro Chambrier, Jean Ping a animé une conférence de presse, le 6 avril dernier à la Chambre de commerce du Gabon, à Libreville. Pour l’essentiel son propos a porté sur le rôle de la presse, en réaction à la diffusion d’un élément vidéo indiquant qu’il travaille à l’organisation d’un génocide au Gabon, de l’ampleur de celui du Rwanda.
Le candidat à la prochaine élection présidentielle a d’emblée souligné le rôle crucial des journalistes en cette période très délicate que traverse le Gabon. Regrettant, pour commencer, le traitement réservé à la presse par le gouvernement qui n’a sélectionné que «10 journaux pour leur répartir une subvention qui devrait revenir à tous les journaux privés comme indiqué dans la loi», l’ancien président de la Commission de l’UA a dénoncé le fait que le quotidien L’Union, en plus des 100 millions de francs CFA de subvention dont il bénéficie, monopolise toutes les annonces publicitaires publiques et privées, au détriment des autres journaux qui en sont sevrés et ne peuvent finalement que vivoter. Aussi, quand TéléAfrica diffuse «un montage vidéo mensonger, grossier et nauséabond, m’assimilant à un génocidaire rwandais, c’est que la liberté de la presse et la démocratie son vraiment en danger dans notre pays», pense Jean Ping.
Le candidat à l’élection présidentielle prochaine a invité la presse à rejoindre, pendant qu’il est encore temps, le camp de la responsabilité, de la liberté, du progrès, du changement et de l’alternance. Car, «la restauration de nos droits à tous, dépendra aussi de votre engagement individuel et collectif, au quotidien, dans le combat que nous menons ensemble contre la dictature et la confiscation de la liberté et des droits fondamentaux de la personne humaine. Et vous n’avez pas le choix, hélas !», a lancé Jean Ping aux hommes de presse du Gabon. Et d’ajouter que sous d’autres cieux certains journalistes, à l’instar ceux de TéléAfrica, jugés peu responsables, n’ont pas toujours su qu’à partir de simples émissions, ils craquaient les étincelles qui ont incendié des pays entiers et emporté de nombreuses vies humaines.
Pour Jean Ping, le travail du journaliste devrait s’inscrire toujours dans la droite ligne de la nécessité et de l’obligation morale de prévenir les Gabonais de la contamination de la haine entre eux et de les préserver de toute velléité de destruction de l’unité nationale, si fragile par les temps qui courent. Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, parmi les graves dérives haineuses et dangereusement va-t-en-guerre qui seraient commanditées par le pouvoir et disséminées par quelques médias et individus, il y a la militarisation intensive du pays pour, soi-disant, endiguer les fléaux de la haine et de la guerre civile au Gabon dont Jean Ping serait l’instigateur. «Ce Jean Ping que le pouvoir ambitionne d’éliminer par tous les moyens avant la présidentielle. Et cela ne fait que commencer», a-t-il indiqué.
Pour Jean Ping la militarisation du pays vise le passage en force du pouvoir en vue de maintenir le président actuel à la tête de l’Etat. «En fait, Ali Bongo a avec lui l’offre de la répression, de la violence et de la vengeance contre les opposants qui ont osé humilier le prince. Puisque selon ce qu’il aurait répondu à un de ses visiteurs prestigieux qui lui conseillait le dialogue inclusif, je le cite, « à humiliation publique, excuses publiques ». Du jamais entendu dans les verbatim des chefs d’Etat», a estimé Jean Ping, condamnant la presse proche du pouvoir qui, pour lui, relaye des manœuvres sordides menées contre lui.
Au sujet des accusations qui lui ont été faites indiquant qu’il prépare un génocide au Gabon, Jean Ping a annoncé qu’il a saisi ses avocats en vue de porter plainte. De même, il a annoncé son intention de saisir l’ONU, l’UE et l’UA en joignant la vidéo de Télé Africa pour que ces institutions se rendent compte du niveau du débat politique tel que l’instigue le pouvoir au Gabon. «Et ce sont ces personnes-là qui veulent revenir nous soumettre, sept ans durant ? Qui peut l’accepter ?», s’est-il exclamé.