Le binôme de Lord Ekomy Ndong dans le groupe Movaizhaleine livre le nouveau single de son deuxième album solo, dans lequel il déploie une analyse de la crise politique et sociale que traverse son pays, le Gabon.
Movaizhaleine est une icône du rap conscient au Gabon. Un statut davantage conforté par le dernier single de la moitié du groupe «Pas comme en l’entend», où Maât Seigneur Lion jette un regard sur la crise politique et sociale que traverse le pays, le tout dans un style propre au groupe, avec des textes acerbes, saupoudrés de conscience politique et d’une touche d’humour et d’ironie.
Au début de la vidéo phare de l’opus, longue d’un peu plus de quatre minutes, le rappeur lance quelques paroles imitant un accent… béninois. Un choix qui ne manquera pas de faire jaser. Vient ensuite le beat parsemé de sonorités à la cithare, sur lequel Maât Seigneur Lion démarre un premier couplet, s’attaquant littéralement au choix du pays d’organiser la 31e Coupe d’Afrique des nations (Can). «Vrai vrai qu’on a faim, vous nous parlez de la Can, carnaval brésilien, ce n’est pas ça qu’on mange man», ironise le rappeur, qui vit désormais en France.
La mise en évidence du texte devrait être notée. Maât Seigneur Lion s’attaque ensuite à l’un des slogans phare du camp présidentiel, mis en avant pendant la campagne de 2009. «Laissez-nous avancer oh, le cocher est en panne. C’est le Gabon qui perd ? Ou bien c’est le Gabon qui gagne ? Anyambiè Anyambiè Wé ré kotiza mbiambiè (ah mon Dieu est-ce que tu me comprends bien, en langue Omiènè)», lâche-t-il. Contexte oblige, le parolier évoque également la prochaine présidentielle. «Mêmes acteurs, mêmes chefs des bandits», crie-t-il, soulignant que le peuple croule sous la misère, à la recherche d’un véritable leader, intègre et visionnaire, à l’image de Thomas Sankara ou Kwamé Nkumah. «Voilà les gens qu’on attend. A beau chercher avec la torche, il n’y a pas l’homme pour l’instant. A qui le tour ? Président élu ? Ah non « pas comme on l’entend »!», soutient le rappeur avant d’entonner le refrain.
Tout aussi chargé de symbole, le refrain est chanté par Lord Ekomy Ndong : «Les chiens aboyaient, la caravane passait, mais un bon matin, les panthères vont les remplacer… Vous allez faire comment ? Vous allez faire comment ? Vous allez faire comment ? Vous allez maintenant faire comment ?».
Après ce refrain, Maât Seigneur Lion repart de plus belle avec un nouveau couplet tout aussi acerbe, engagé et teinté d’humour noir. Il y dépeint l’instrumentalisation des rappeurs et groupes de hip-hop par le pouvoir, avec une pensée pour le groupe Hay’oe, dénonçant l’intimidation dont seraient victimes ceux qui refusent de s’aligner. «C’est à cause de nos faux petits sons là qu’on va nous sisia (jargon qui renvoie à liquider ou faire disparaitre). C’est la CIA ? On ne chante plus ici hein ? Donc tout le monde… que la campagne ?», lance-t-il. Plus loin, il revendique son engagement, souhaitant la fin du régime en place depuis près d’un demi-siècle. «Je chante la fin de ce royaume il a duré trop longtemps. Hérode ? As-tu été élu ? « Ah non pas comme on l’entend »», conclut-il.
Ces deux couplets se veulent le reflet du contexte socio-politico voire économique actuel avec, en prime, une production «dosée», comme Movaizhaleine en a l’habitude. Après «Call l’élément», «Pas comme on l’entend», est le deuxième single de Maât Seigneur Lion extrait de son deuxième album «Le Ngozé».