A l’approche du prochain scrutin présidentiel, le président de la République rechercherait-il l’onction de l’église catholique ?
Ali Bongo court décidément après l’église catholique. C’est du moins ce qui paraît ces derniers temps, alors qu’il ne cesse de multiplier les apparitions aux côtés des évêques de qui il assure avoir reçu des invitations, au point que certains envisagent désormais de le rebaptiser de son prénom chrétien. Si l’on est presque certain de ce que l’appétence du président de la République pour la religion catholique ne le détournera pas de l’Islam, l’on est moins sûr que ses apparitions répétées aux manifestations chrétiennes soient totalement anodines. A l’approche de la présidentielle d’août prochain, elles peuvent aisément être considérées comme faisant partie de la campagne électorale officieuse qu’il a lancée depuis le 1er mars dernier à Port-Gentil. Et pour certains, l’église catholique, du moins son archevêché, semble faire partie du «lot». Sinon comment comprendre les agitations de ces derniers jours ?
Si en janvier dernier, au terme de leur assemblée plénière ordinaire, ils avaient mis en garde les pouvoirs publics contre «la crise multiforme, individuelle et collective, qui sévit actuellement au Gabon», appelant à considérer les «enjeux et défis des élections présidentielles de 2016», les évêques paraissent avoir pris une tournure bien particulière. Après l’invitation de Mgr Jean Vincent Ondo Eyene à assister à la célébration du culte pascal en la cathédrale Saint Charles Lwanga d’Oyem en mars dernier, Ali Bongo a une nouvelle fois été l’invité d’honneur de l’église catholique. Il a assisté, le 3 avril courant, à l’ordination du Mgr Eusebius Chinekeze Ogbonna Managou, nouvel évêque de Port-Gentil. Cette fois, il était invité par l’archevêque Basile Mve Engone. S’il n’a pas nié entendre les critiques au sujet de ses apparitions, le président de la République a semblé se défendre de toute récupération politique, justifiant sa présence à cette ordination par sa qualité de «garant de la liberté de culte». «Ma présence tient aussi à démontrer que nous sommes un pays, une seule nation, croyant en un seul Dieu. Nous pouvons donc communier les uns avec les autres, et prier Dieu pour qu’il continue à bénir notre pays, pour qu’il reste dans la paix», a-t-il expliqué.
Alors que l’initiative portée par des églises dites charismatiques et du réveil, en vue de conjurer les risques inhérents au climat socio-politique particulièrement tendu depuis des mois, s’était soldée par un relatif échec en février 2015 du fait de la faible implication de la présidence de la République, d’aucuns crient à l’impartialité. Une accusation dont s’est récemment défendu Ali Bongo : «Moi, quand on m’invite, dans la mesure des possibilités, je réponds favorable à cette invitation». Reste donc aux responsables d’églises dites du réveil à s’activer.