Neuf députés frondeurs du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) ont démissionné vendredi, dans un contexte de dissensions au sein de la majorité à l'approche de la présidentielle du second semestre 2016.
"Nous informons l'opinion nationale et internationale de notre démission collective de l'Assemblée nationale", ont-ils affirmé lors d'une déclaration collective à Libreville.
Cette décision fait suite à l'exclusion "arbitraire" du parti mardi de trois députés "en violation des procédures disciplinaires prévues par le règlement de l'Assemblée nationale", selon les démissionnaires.
"Nous, députés du +Rassemblement PDG - Héritage et Modernité+, affirmons notre solidarité profonde à l'égard de nos collègues", expliquent-ils.
"Ils ont été relevés de leurs mandats sans notification individuelle et alors que le président de l'Assemblée était en mission à l'extérieur. Les institutions ne sont plus respectées, il suffit d'exprimer son opinion pour subir des représailles et des intimidations", a expliqué à l'AFP un des démissionnaires, Edgard Owono Ndong.
Les trois destitués ont créé récemment une branche dissidente baptisée "PDG Héritage et Modernité" au sein du parti au pouvoir, qui rassemble une quinzaine de députés et d'anciens ministres.
Ce courant a annoncé le 10 mars son intention de présenter un candidat face au président Ali Bongo Ondimba, candidat à un second mandat, dont il dénonce "le bilan calamiteux".
"Nous sommes des militants du PDG et en 2009 nous avons soutenu le programme du président Bongo, mais nous ne pouvons pas continuer comme ça (...) il faut voir dans quelles conditions désastreuses les Gabonais vivent dans les quartiers enclavés de la capitale", a affirmé le député Philippe Nzenguet Mayila.
Les neuf frondeurs ont ainsi emboité le pas au président de l'Assemblée nationale depuis 1997, Guy Nzouba Ndama - réputé proche d'Héritage et Modernité -, qui a annoncé jeudi sa démission surprise à l'issue d'une séance plénière dans l'hémicycle.
M. Nzouba Ndama, figure politique incontournable au Gabon, a notamment expliqué qu'il ne pouvait "cautionner une quelconque jurisprudence qui viserait à fouler aux pieds l'immunité parlementaire dont jouissent les députés".
Dans un article intitulé "Guy Nzouba Ndama provoque Bongo en duel", la bien informée Lettre du continent avait affirmé mercredi soir que le président du Parlement annoncerait le 5 avril sa propre candidature, après avoir préalablement démissionné.