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Intégration régionale: Pourquoi ça coince
Publié le jeudi 31 mars 2016   |  Gabon Economie


La
© Autre presse par DR
La Communauté économique et monétaire de l`Afrique centrale (CEMAC)


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Alors que la sous-région vient de célébrer la 8ème journée Cemac, les populations restent sur leur faim quant à la mise en œuvre des recommandations et parfois des résolutions des sommets des chefs d’Etat de l’espace communautaire. Pourtant, le Fonds monétaire international, la banque mondiale, la banque africaine de développement et d’autres institutions internationales, dans leurs différents rapports, insistent pour le Gabon accélère le processus d’intégration régionale.

Le 16 mars 2016, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), a célébré la 8ème journée dédiée à l’espace communautaire. Cette année, le thème choisi portait sur «les ressources naturelles, enjeux et défis». Pendant une semaine d’activités, les experts de tout bord, ont échangé sur la gestion des ressources naturelles, la transparence, la bonne gouvernance ou encore la diversification des activités économiques au sein de la région. Mais malgré cette palette de sujets, la question de l’intégration n’a pas pu échapper à la vigilance des acteurs. Tout comme n’ont pas réussi à l’esquiver, les administrateurs du Fonds monétaire international lors du conseil d’administration de cette institution tenu le 16 février à Washington, s’agissant du Gabon. «Les administrateurs encouragent aussi les autorités à intensifier l’intégration intra-régionale et la libéralisation des échanges au sein de la Cemac», renseigne le communiqué final de cette session.

Au mois de janvier, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, avait sonné la charge contre l’indolence des dirigeants à aller vers de nouvelles priorités pour son développement. Pour elle, il faut mobiliser la région dans l’intérêt des peuples. «Le commerce intracommunautaire représente moins de 5 % des échanges commerciaux de la Cemac. Il est possible de faire plus et un travail concerté permettra de produire des synergies évidentes», signalait-elle.

Car, le développement économique des Etats de la Cémac est en partie lié à l’intégration régionale d’après la directrice générale du FMI. «Pour améliorer au mieux sur le climat des affaires, il faut renforcer l’intégration régionale. Le dispositif de gouvernance actuel doit devenir plus efficace à travers la rationalisation du processus décisionnel. La Cemac pourrait également tirer parti des règles budgétaires régionales cohérentes pour accroître les investissements», suggère Christine Lagarde.

Selon Pierre Moussa, président de la Commission de la Cemac, des progrès ont certes été accomplis, mais la garantie de la libre circulation des biens et des personnes au sein de l’espace communautaire reste préoccupante. Pourtant, les dirigeants de la Cemac avaient pourtant pris la décision, en mai 2015, lors du 12ème sommet des chefs d’Etat, de mettre en œuvre la libre circulation des personnes. Mais sur le terrain, la réalité est différente du discours officiel. La région n’est pas encore devenue la zone sans-visa que la décision laissait présager. Dans les faits, seuls le Tchad et le Cameroun, en raison d’un accord bilatéral, ouvrent les frontières de leur pays à leurs ressortissants sans visa.

Pour certains Etats comme la Guinée équatoriale, le principe est certes acquis, mais dans les faits il n’est pas encore possible de le traduire. «Juridiquement parlant, la libre-circulation n’est pas encore possible. Le problème est que la Commission doit faire son travail, tout en sensibilisant les États à remplir leurs conditions ; c’est-à-dire à harmoniser les droits internes. Il s’agit là d’un problème technique», explique officiel équato-guinéen.

Le problème technique auquel fait allusion ce diplomate est lié à la biométrie. En fait, la libre-circulation doit se faire avec un minimum de règles qui permettront contrôler les allées et venues des populations. Par exemple, les documents de voyage, passeports, carte nationale d’identité, doivent tous être biométriques. Ce qui permettra de tracer les mouvements des personnes à l’intérieur de l’espace communautaire. A ce jour, seul le Gabon a passé ses documents à la biométrie. Des pays comme le Cameroun, considérés comme le moteur de l’économie sous-régionale, traînent encore les pieds.

Pourtant la Cemac qui est née sous les cendres de l’Udeac en 1994, pour «donner une impulsion nouvelle et décisive au processus d’intégration en Afrique centrale par une harmonisation accrue des politiques et des législations de leurs Etats», n’a pas que des ratés. Des acquis comme la carte rose Cemac, l’accord sur la réduction des droits de douane pouvant aller jusqu’à 70% sur certains produits de première nécessité, notamment le sucre et d’autres produits agricoles, existent et profitent bien aux communautés et opérateurs économiques.

A contrario, la compagnie aérienne régionale Air Cemac a vu son acte décès signé en mai 2015 alors qu’un directeur général avait été nommé des années plus tôt, la construction de routes reliant les capitales régionales et la création d’une place boursière unique dans l’espace communautaire restent énigmatiques.

Pour le président de la Cemac, ces échecs sont à mettre au crédit des dirigeants. «Principalement préoccupés par leurs propres intérêts, ils croient également fermement que chaque État peut se développer de manière autonome», indique Pierre Moussa. Du coup, d’après lui, cette situation est aussi responsable du peu de développement de cette partie du continent où, souligne-t-il, 30% des habitants souffrent de la faim, tandis que 70% vivent avec moins d’un dollar par jour.

Cependant, à la décharge des Etats, Pierre Moussa relève que la situation sécuritaire est un élément qui empêche les Etats de la région de se consacrer pleinement sur le défi du développement économique. A titre d’exemple, le conflit en Centrafrique et les répercussions régionales des attentats menés par la secte Boko Haram du Nigeria, ont affecté négativement les économies de la région et les efforts d’intégration.

Les observateurs et experts du monde entier restent constants sur les bienfaits de l’intégration régionale. Ainsi par exemple, au Forum économique mondial, l’on pense que l’intégration peut contribuer à renforcer et améliorer les progrès économiques. «La croissance de l’Afrique doit être replacée dans le contexte international plus large, où les gains encourageants dans la croissance économique contredisent la faiblesse sous-jacente de sa compétitivité à long terme. L’intégration régionale est la clef qui permet de remédier à cette faiblesse en apportant des avantages économiques et sociaux plus larges ; elle devrait donc être considérée comme prioritaire par les dirigeants africains qui cherchent à garantir que l’Afrique tienne ses promesses», déclare Jennifer Blanke, économiste en chef au Forum économique mondial.

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