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L’exaspérante immixtion du ministère de la Communication à Gabon Télévision
Publié le mardi 29 mars 2016   |  Gaboneco




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Parmi les nouvelles émissions lancées sur la chaîne publique de télévision depuis quelques semaines, aucune ne porte la marque «Direction des Programmes». Certains agents se demandent à quoi sert (encore) cette direction dorénavant phagocytée par une cellule du ministère de la Communication.

Déjà passablement agacés par la présence répétitive du ministre de la Communication à la maison Georges-Rawiri – une première depuis une vingtaine d’années -, de nombreux professionnels de la communication qui y exercent disent leur étonnement de voir «les gens du ministère» venir dicter leur loi aux dirigeants de Gabon Télévision et de Radio Gabon. Et cela concerne d’abord le choix des personnes appelées à officier à la présentation des journaux. Elles sont choisies par «les gens du ministère» appelés ici «GDM». «Ce n’est plus Imunga Ivanga qui décide, encore moins Patricia Ontchangalt, ce sont les GDM qui dictent la loi sur le choix des présentateurs des journaux et des nouvelles émissions. C’est une situation qui devient invivable», affirme un technicien de Gabon Télévision.

Les nouvelles émissions sont toutes estampillées «Cellule de Communication audiovisuelle du ministère de la Communication». Que ce soit l’émission politique «Le Ndzimba», l’émission de reportage «Grand Angle» ou le talk show «Le Grand Mbandja», toutes ces émissions sont produites non pas par la direction des programmes de la chaîne, mais par cette «Cellule de Communication audiovisuelle» du ministère de la Communication.

Selon une syndicaliste-maison, «il y a une trop forte emprise des gens du ministère sur le fonctionnement de la maison». «C’est à croire, ajoute-t-elle, qu’il n’y a plus de directeur des programmes ici». En plus, «l’essentiel des activités du ministre actuel se déroule dans nos locaux, aucun autre ministre n’a fait ça depuis vingt ans», souligne-t-elle. Un agent affirme qu‘«on ne voyait les ministres ici que pour l’ouverture des séminaires ou des commissions relatives à la carte de presse, mais l’actuel ministre semble ignorer que Gabon Télévision et Radio Gabon ne sont pas des services du ministère ; nous sommes des entreprises publiques, et le ministre n’en assure que la tutelle, mais nos dirigeants ne lui ont pas expliqué, ils ont peur !».

De fait, souligne un des principaux responsables de la Maison Georges-Rawiri ayant requis l’anonymat, «tous les mercredis, qu’il y ait Conseil des ministres ou non, le ministre de la Communication vient occuper les locaux pour une conférence de presse, on nous demande d’y assister chaque mercredi, nous sommes donc obligés de quitter nos bureaux jusqu’au départ du ministre ; c’est extrêmement embarrassant, et les jours où se tiennent les Conseils des ministres, nous devons aussi libérer nos bureaux pour aller suivre la lecture du Communiqué final ; nos habitudes de travail ont changé, mais ça ne nous apporte pas grand-chose». «Lorsque le ministre aura compris qu’une entreprise sous tutelle n’est pas un service du ministère, tout le monde se portera mieux», indique pour sa part un chef de service.

D’une manière générale, le sentiment largement exprimé ici est que la présence du ministre de la Communication ou des GDM, leur dirigisme, et leur trop grande assurance sur tout sont mal perçus par les agents de cette structure publique de communication audiovisuelle. «Le directeur des Programmes devrait être habilité, sous l’autorité du seul Directeur général, à concevoir une grille de programmes élaborée sur proposition des producteurs-maison au lieu de se la voir imposée», tient à souligner un adhérent du Syndicat national des professionnels de l’audiovisuel public (Synapap).

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