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Banga Eboumi appelle Ali Bongo à se ressaisir
Publié le samedi 26 mars 2016   |  Gabon Review


François
© Autre presse par DR
François Banga Eboumi (archive)


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Estimant que «depuis 2009, des tensions, des turbulences, des lignes de contradiction se sont affermies sans solution ni perspective», l’ancien Secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS) estime, dans une tribune publiée par l’hebdomadaire La Loupe, que «l’héritage politique d’Omar Bongo est mal assumé»


Il occupe pourtant encore d’importantes responsabilités dans l’appareil économique de l’Etat, mais il a décidé de ne plus se taire. Se présentant non pas comme un «bongoïste», mais comme un «omarien», sans doute pour éviter toute confusion avec l’actuel locataire du Palais du bord de mer, l’ancien ambassadeur du Gabon en France, en Espagne et au Maroc sous Omar Bongo, François Banga Eboumi, 63 ans, qui avait remplacé Léon-Paul Ngoulakia à la tête du CNS en 2012, est en effet aujourd’hui le président du Conseil d’administration de la Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers (SGEPP). Mais il a choisi – à ses risques et périls ? – de prendre sa plume et de dire ce qu’il pense de la non-tenue du dialogue national, du non-respect de la pensée politique d’Omar Bongo, et, au-delà, de la gouvernance politique actuelle.

François Banga Eboumi pense «qu’il faut se parler, il faut absolument se parler, car notre pays est malade ; pourtant, tous les Gabonais, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes des neuf provinces que compte le Gabon, quelle que soit leur classe sociale, tous les patriotes épris de paix et de justice ont soif de se parler dans l’intérêt bien compris de la paix, socle de notre vivre-ensemble». (…) «Il faut se parler sans trop tarder, le monde nous regarde, l’œuvre humaine étant perfectible, nous n’avons pas le droit d’oublier ce qu’Omar a fait pour ce pays même si d’aucuns le renient aujourd’hui, comme Judas le fit pour Jésus». L’ancien patron des services de renseignement ajoute, dans son propos, qu’«on a abouti à la conclusion d’un pays bloqué, menacé par le grand péril d’une implosion sociale, programmée ou non». Estimant que «personne ne peut présager des lendemains», il avance deux remarques : «peut-on se prévaloir d’avoir été à l’école d’Omar et ne pas posséder des vertus de dialogue, de la tolérance et de la paix qu’il nous a léguées ? Omar peut-il être une partie de la solution pour déverrouiller le paysage politique national actuel ?».

S’insurgeant contre les Émergents, qui disent aujourd’hui, tout fiers d’eux, qu‘«on a fait plus de choses en 6 ans qu’en 42 ans de règne», il demande que ceux-là arrêtent ces «enfantillages» et les appellent à assumer ensemble «notre histoire commune», parce que, tient-il à souligner, «nous avons tous une part de responsabilité dans l’héritage politique commun d’Omar».

Plus politique, l’ancien diplomate affirme qu‘«à quelques mois d’élections aussi importantes, le danger guette le Gabon ; la sagesse doit l’emporter sur l’amateurisme ambiant».

Pour François Banga Eboumi, Omar Bongo a beaucoup fait pour ce pays et «Omar pensait nous avoir tout légué, mais hélas ! qu’est devenu le Gabon aujourd’hui où la chimère se répand chaque jour un peu plus à tous les niveaux». Une façon pour lui, diplomate habitué à prendre souvent des pincettes, de dire que le régime actuel met plus en avant les futilités ? En tout cas, le fait pour lui d’avoir pris la plume et de dire sa pensée montre à quel point de nombreux intellectuels gabonais tiennent à un sursaut patriotique pour «sauver le pays».

Comme l’affirme Hervé Grupaune, politologue franco-gabonais, «il ne manque en tout cas pas de courage, François Banga Eboumi, cet intellectuel altogovéen, discret et effacé. Même si sa tribune semble s’adresser à la classe politique tout entière, beaucoup y ont vu en fait un appel à Ali Bongo à se ressaisir».

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