Face aux contrecoups de la chute du prix du baril de pétrole, le Gabon peut-t-il tenir la route ? Oui, à en croire le Fonds monétaire internationale (FMI) qui encourage le gouvernement dans ses efforts de diversification de l’économie.
Durement touché par la récente baisse des prix du pétrole, le Gabon peut renforcer sa résilience et relancer sa croissance en diversifiant son économie. «L’effondrement récent des prix du pétrole (…) est un défi majeur pour l’économie gabonaise et sa résilience. C’est un choc important pour l’économie. Cela signifie également que les recettes publiques ont diminué de façon significative», a commenté le chef de mission du FMI au Gabon. «Dans la pratique, il y a moins d’argent en circulation dans l’économie. Cela a affecté le taux de croissance qui a diminué à environ 4% en 2015. Et il est prévu tomber, cette année, à un peu plus de 3%, soit environ 3,2 %. Entre 2010 et 2014, le taux de croissance était d’environ 6%. Il a donc eu un impact significatif pour l’économie gabonaise», a poursuivi Montfort Mlachila.
Affirmant que cet impact se ressent essentiellement sur les recettes publiques, le FMI soutient que le Gabon peut s’adapter de plusieurs façons. «L’objectif stratégique sur le long terme est de diversifier l’économie de sorte qu’elle soit moins dépendante du pétrole, ce qui rendra l’économie plus résistante. A court terme, le gouvernement doit vivre selon ses moyens en faisant deux choses : tout d’abord, (il) doit générer des revenus supplémentaires en dehors du secteur pétrolier, notamment (…) en réduisant l’étendue des exonérations fiscales. Puis prendre un certain nombre de mesures visant à mieux contrôler la croissance de la masse salariale», estime le Fonds monétaire international (FMI) dans son évaluation annuelle. «Il faut redéfinir les priorités des dépenses en capital et se concentrer sur les projets qui ont les plus hauts bénéfices ou les plus hauts rendements économiques afin (que le pays) puisse vivre selon ses moyens», a ajouté Montfort Mlachila.
Evoquant les éventuelles conséquences de cette restructuration sur les classes les plus vulnérables, la responsable du FMI s’est voulue rassurante, soulignant que le gouvernement est conscient de ces défis. «La question est d’ajuster les dépenses en ligne avec ce qui est disponible en termes de revenus. D’une part, le gouvernement peut potentiellement générer des revenus supplémentaires à partir du reste du secteur non pétrolier. Ainsi, la perte de revenus pétroliers peut être, dans une certaine mesure, compensée par des mesures supplémentaires qui peuvent mobiliser des revenus supplémentaires», a-t-elle affirmé. «Le gouvernement peut mettre en place ou renforcer son filet de sécurité sociale en faisant un certain nombre de choses», notamment à travers le développement du secteur agricole en zone rurale. «Dans le même temps, en particulier dans les zones urbaines, le gouvernement peut améliorer son filet de sécurité sociale par l’introduction ou l’expansion des transferts en espèces pour les segments les plus vulnérables de la population», a indiqué Montfort Mlachila. «Plus généralement, le gouvernement doit améliorer le climat des affaires dans tout le pays pour promouvoir l’investissement», a-t-elle suggéré. «Le gouvernement est pleinement conscient qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans diverses activités économiques. Donc, en investissant davantage dans la formation, en particulier dans la formation professionnelle, il y a un potentiel pour améliorer les performances de l’économie, notamment en développant les compétences nécessaires pour contribuer à la diversification dans d’autres nouveaux domaines», a-t-elle indiqué.
Enfin, Montfort Mlachila a énoncé ce qu’elle croit être des priorités pour le Gabon : stimuler la croissance, diversifier l’économie et garantir la viabilité budgétaire à long terme. Autrement, il y a risque d’une augmentation significative des niveaux de la dette publique.