« Le Gabon est un Etat de droit », entend-on souvent dire ! Seulement, de nombreux compatriotes dénoncent les interpellations et arrestations « arbitraires ». Interpellations pratiquées à la suite des marches de protestation et autres mouvements d’humeur. Une pratique qualifiée par certains observateurs de restriction de la liberté d’expression.
Des policiers et gendarmes intervenant partout, parfois en violant même les franchises établies, des marches de protestation tuées dans l’œuf, (la dernière en date étant celle organisée par un groupe des jeunes hostiles à la candidature d’Ali Bongo Ondimba, dans la commune d’Akanda). Une manifestation en même temps que le Congrès d’investiture d’Ali Bongo Ondimba, le 12 mars dernier.
Résultat : plusieurs jeunes arrêtés et déférés au commissariat central de Libreville. Des agissements contraires au préambule de la constitution ! En effet, l’article premier de la loi fondamentale en son alinéa 2, dispose que « la liberté de conscience, de pensée, d’opinion, d’expression, de communication (…) sont garanties à tous, sous réserve du respect de l’ordre public » .Point besoin d’être juriste pour comprendre que le droit de la rue est un droit constitutionnel. Lequel droit garantit à tout citoyen la possibilité de manifester son opposition ou mécontentement, à condition qu’il le fasse en strict respect des libertés des autres. Ce qui indique clairement que toute intervention policière ou entrave à une manifestation populaire, organisée dans l’esprit de la constitution est une confiscation flagrante du droit à la liberté d’expression et de conscience de chaque citoyen.
Des entraves non sans conséquences !
Un climat de défiance et de violence, une suspicion quasi généralisée des citoyens envers leurs gouvernants, telles peuvent être les conséquences desdits agissements .Une démocratie manipulée ? Pour les gouvernants, peut-être allergiques à la contradiction, qui est le propre de la démocratie. Les forces de l’ordre ont la mission régalienne de rétablir l’ordre quand celui-ci semble perturbé. Nous sommes bien là dans le cadre de la violence légitime de l’Etat, telle que théorisée par le sociologue allemand, Marx Weber. Faux ! Rétorque le philosophe Ayek pour qui, il ne faut pas confondre l’Etat de droit avec la simple exigence que les actions du pouvoir soient bonnes, car la légalité peut-être contraire à la loi.
L’Etat de droit selon Ayek, est donc une « règle de ce que devrait être la loi (…), un idéal politique ». L’Etat de droit est donc, si l’on en croit Ayek, un usage strict et équitable de la loi qui doit s’appliquer, aussi bien aux gouvernés qu’aux gouvernants. Est-ce bien le cas dans notre pays ?Que les partisans du pouvoir répondent par OUI, ou que ceux de l’opposition disent NON, la question reste entière. Il revient donc aux institutions, notamment la Cour constitutionnelle, en tant que garante des droits et libertés civiles et aux Parlementaires, dépositaires du mandat du peuple, de redéfinir la notion de l’Etat de droit pour lui donner un sens répondant aux dispositions constitutionnelles.