Craignant les dérapages qui découleraient de l’organisation de l’élection présidentielle dans les conditions actuelles, le président de la Convention nationale de l’interposition (CNI) appelle à nouveau à la concertation.
Le président de la Convention nationale de l’interposition (CNI) jette un regard sur les conditions d’organisation de la prochaine présidentielle. «La situation socio-politique du pays ne cesse de s’empirer depuis les dernières élections présidentielles anticipées de 2009. Notre vivre ensemble est aussi sérieusement mis à mal», a déploré Dieudonné Minlama dans une interview à l’hebdomadaire La Loupe. Regrettant un recul de la démocratie, il soutient que les tensions entre les acteurs politiques, tous bords confondus, sont vives et le climat de suspicion généralisé. «La haine, l’invective, les règlements de comptes, la calomnie, la xénophobie, la violence, la frustration, l’exclusion, la confusion, le mensonge… sont désormais érigés en valeurs d’animation et de gestion de notre démocratie», a-t-il affirmé. «La crise de confiance entre les acteurs politiques, les membres de la société civile, une grande partie du peuple et les institutions chargées de l’organisation et de la gestion des élections est réelle. Plusieurs Gabonais ne disposent pas de pièces d’état-civil et sont de facto exclus des opérations électorales et privés de l’un de leurs droits fondamentaux», a-t-il poursuivi.
Selon lui, la biométrie est restée à l’état embryonnaire et comporte toujours les failles, déjà identifiées au terme des élections locales de 2013. «En gros le tableau est sombre et la situation explosive. Maintenant si, malgré cette situation, nous nous obstinons à organiser ces élections, je crois que nous prendrions là un grand risque aux conséquences regrettables et incalculables devant la nation, devant le monde et devant Dieu», a-t-il alerté.
Face à ce tableau, Dieudonné Minlama propose le «dialogue inclusif» pour ramener la sérénité. Ce dialogue doit nous permettre de solder la face sombre de l’héritage Bongo en mettant en place une commission «vérité et réconciliation» ; mettre en place tous les mécanismes nécessaires afin d’organiser les élections crédibles ; examiner les revendications des organisations syndicales et trouver un consensus fort et durable sur la crise sociale ; redéfinir les concepts et principes qui nous permettront de consolider notre «vivre ensemble».
Une issue possible pour Dieudonné Minlama, qui en veut pour preuve la rencontre, le 15 mars dernier, avec une délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie. «La Francophonie croit, tout comme nous, que le dialogue est la seule, solution à la crise actuelle. A cette position de la Francophonie, il faut ajouter celles de l’Unoca, de la France, de l’Union européenne …», a-t-il affirmé. N’empêche, il se refuse à un quelconque boycott de l’élection. «J’exclus toute option de boycott de cette élection. Mais il est de mon devoir de présenter la réalité de la situation et de promouvoir la solution idéale qui nous permettra de ne pas plonger notre pays dans l’instabilité et l’incertitude», a-t-il lancé. «Dans tous les cas l’histoire jugera chacun de nous en fonction de ses positions et de ses actes. Le peuple nous regarde. L’humanité aussi est témoin. Le Gabon n’est pas à détruire. Nous n’avons qu’un seul exemplaire de notre pays. Il n’en existe pas de duplicata et nous n’avons pas de patrie de rechange ailleurs», a-t-il conclu.