Il y a quelques semaines, la capitale économique du Gabon a fait peau neuve. Réfection des routes, coup de peinture çà et là, bref ! Port-Gentil a revêtu ses plus beaux atours pour accueillir Ali Bongo Ondimba qui y résidait principalement pour annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle. Occasion propice pour Gaboneco.com de vous concocter un « spécial Port-Gentil » dont le premier acte porte sur le stade en construction de Ntchengue devant recevoir les sélections nationales de football pendant la Coupe d’Afrique des Nations, CAN 2017, qu’abrite le Gabon. Gros plan sur les rudes et pénibles conditions de travail de la main d’œuvre locale.
Dans moins d’un an, le Gabon va abriter la Coupe d’Afrique des Nations, CAN de Football. En conformité avec le cahier de charges de la Confédération Africaine de Football ( CAF) quatre poules ont été tirées au sort qui verront les clubs qualifiés pour prendre part à la compétition se produire dans les communes d’Akanda dans le nord de Libreville, de Franceville, d’Oyem et de Port-Gentil.
La dernière ville citée ne disposant pas de stade aux normes et standards internationaux, les autorités gabonaises s’attèlent donc à faire sortir de terre une infrastructure adaptée. Un chantier confié à la société « China Construction Engineering ». Laquelle se gargarise d’avoir déjà exécuté 60 % des travaux et compte livrer le nouveau bijou de 20. 000 places, 21 loges dont une présidentielle et autres aires de jeu en octobre prochain. Au regard de l’état d’avancement, cet opérateur va sans nul doute respecter les délais impartis. Une preuve supplémentaire de l’expertise de l’Empire du milieu ! Loin des discours officiels et des attitudes circonstancielles, la vie des travailleurs journaliers du stade de Ntchengue est loin d’être une sinécure.
Ce qu’Ali n’a pas vu …
Il est de notoriété publique que les sociétés chinoises sont esclavagistes ! Normal, au regard de la forte population et main d’œuvre dont dispose ce pays, est-on tenté de croire. Et ce ne sont pas les hommes de tous métiers (HTM) gabonais exerçant actuellement au stade de Ntchengue qui nous diront le contraire. Ayounet Lewis, 18 ans, l’un d’entre eux, travaille depuis plus de deux mois à la fouille pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Le jeune homme se tape quotidiennement une bonne dizaine d’heures de travail. Un privilégié ? Pas si sûr !
En ces temps de crise pétrolière, l’heure n’est pas à la fine bouche. C’est le cas de Michel, un maçon licencié d’une société pétrolière réduit à être HTM au stade pour survivre. Lui,comme plein d’autres, doivent travailler presque 7 jours sur 7, pour espérer percevoir 150. 000 Francs CFA par mois, contrairement au 800. 000 qu’il percevait dans le pétrole. Les exemples de ce genre sont légion. Il faut noter que les HTM sont pointés à 4. 500 Francs CFA/ l’heure. C’est pourquoi Pierre affirme : « C’est pasdes salaires que nous avons, on reçoit des per-diem ».
Aux faibles émoluments, s’ajoute l’absence d’équipements de protection individuelle. Gilets, casques et chaussures de sécurité, bref ! Tout l’arsenal inhérent au travail sur chantier n’est pas fourni, contrairement à ce qui a été vu pendant la récente visite présidentielle. « On n’a pas de gilet. On n’est pas en sécurité. Quand l’engin arrive, il faut fuir », nous a confié un des nombreux travailleurs gabonais du stade de Ntchengue. Autre problème et non des moindres, celui de la langue. Travailleurs gabonais et chinois communiquent au moyen de signes. Ce qui, la plupart du temps, est source d’incompréhension et de malentendus.