Echappant vraisemblablement à toute forme de réglementation depuis plusieurs années, la valorisation de l’or mérite une meilleure attention, eu égard à son apport économique potentiel. Si le conseil des ministres délocalisé à la Zone économique à régime privilégié (Zerp) de Nkok avait estimé que l’or sera désormais considéré comme «une ressource stratégique», en février dernier, le gouvernement a été instruit de mettre en place une véritable réglementation spécifique, prenant en compte les intérêts des artisans. A cet effet, le ministre des Mines et de l’Industrie s’est entretenu, le 18 mars courant, avec les bijoutiers. Il s’est notamment agi pour Martial-Rufin Moussavou de rappeler à ses interlocuteurs que «la bijouterie est un maillon important de la chaîne de l’industrie de l’or, en termes d’emplois, de savoir-faire et des revenus qu’elle génère». «L’Etat est tenu de s’impliquer davantage, en mettant en place, sur une période de trois mois, un dispositif qui vise à encadrer au mieux les activités du secteur», a-t-il reconnu.
Concrètement, Martial-Rufin Moussavou a annoncé des réformes en trois points, à savoir : la mise en place d’un fonds pour l’or, la création d’une raffinerie moderne de l’or dans la zone économique de Nkok et l’encadrement rigoureux de l’artisanat en la matière. Pour y parvenir, le gouvernement entend, dès le 21 mars prochain, ouvrir un guichet d’identification des fabricants et bijoutiers. Cette opération devrait permettre de lutter contre l’exercice illégal de cette profession. Le gouvernement entend aussi mettre à jour le fichier d’autorisation ou de renouvellement des cartes permettant l’exercice de l’activité, conformément aux nouvelles dispositions en vigueur. La liste des opérateurs agréés dans l’approvisionnement et la commercialisation de l’or doit être actualisée en vue de les orienter vers des centres certifiés.
Dans le même cadre, une campagne de poinçonnage de tous les bijoux vendus sera organisée, tout comme sera menée une campagne d’identification des intervenants à travers les réseaux d’approvisionnement des bijouteries et leur prise en compte dans les statistiques pour une meilleure gestion de la filière.
S’ils ont assuré de leur disponibilité à accompagner le gouvernement dans le sens d’une meilleure gestion du secteur, les bijoutiers n’en ont pas moins exprimé leurs inquiétudes, non sans informer leur interlocuteur de l’existence, depuis quelques temps, du Collectif des bijoutiers du Gabon (CBG) dont ils souhaitent faire leur interface avec les pouvoirs publics. Ils ont, entre autres, évoqué la validité des arrêtés et décrets existants, la trop forte taxation, la concurrence déloyale, le contrôle du prix de l’or.
En retour, le ministre des Mines et de l’Industrie a promis tout mettre en œuvre pour régulariser la situation tout en permettant à chaque artisan de tirer profit de son activité, grâce à un allègement des charges et une plus grande vigilance des pouvoirs publics.