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Frontière entre journalisme et militantisme politique: une neutralité malmenée
Publié le vendredi 18 mars 2016   |  Gaboneco




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Les hommes et femmes de médias sont de plus en plus nombreux à arborer, et parfois fièrement, les couleurs de telle ou telle formation politique. Quelques journalistes rangent aux oubliettes le principe basique de leur profession, la neutralité, au point d’être désormais confondus au militant lambda. Un véritable coup porté à la corporation !

Journaliste ou militant ? Dans bien des cas, le devoir de neutralité tant recommandé est menacé ! On se demande alors si le métier de journaliste est compatible avec le militantisme politique ? Autrement dit, peut-on être en même temps journaliste et militant, sans que cela n’impacte sur le rendu ?

Pour Flaury Moukala, journaliste, la réponse est oui. « Un journaliste peut être militant dans un parti politique et faire correctement son travail »,. Le décalage poursuit-il « intervient dès lors que celui-ci confond militantisme et devoir de neutralité ». Pour Laetitia A, journaliste également, « Il est difficile pour un journaliste d’être à la fois journaliste et militant politique, et faire correctement son travail ». Au Gabon dit-elle « surtout pour une actualité politique, il n’est pas facile de la traiter sans défendre les idéaux de son parti. Aujourd’hui, poursuit Laetitia, « avec la tendance de deux camps, où on parle de journaliste de l’opposition et de la majorité, il n’est pas facile de voir un journaliste qui traite d’une information sans parti pris ».

Position également soutenue par Idyatha Moubebe, qui pense pour sa part que « le journaliste a le devoir de neutralité. Mais à partir du moment où il appartient à un bord politique, il ne lui est plus facile d’exercer correctement son travail de journaliste avec de la distance. Il sera toujours tenté de le faire avec un certain parti pris ». Il semble donc que le journalisme et le militantisme dans les partis politiques constitue une alliance contre nature parce que le degré de distanciation n’est pas toujours respecté et il est presqu’impossible pour un journaliste de faire objectivement son travail.

Pour Louis Lemeter, journaliste retraité au quotidien régional Ouest-France, « le journaliste est d’abord un citoyen qui a aussi des opinions à défendre. Mais pour un travail qui exige autant de rigueur et de d’honnêteté dans le traitement des faits, l’idéal serait de n’appartenir à aucun bord politique ».
Si pour les uns le journaliste peut correctement exercer son métier avec professionnalisme tout en étant militant d’un parti politique, il reste que pour les autres la tendance locale vire à l’excès. Ce qui déteint sur le traitement de l’actualité ! Et on assiste là à une sorte de journalisme de démagogie et de compromission comme le dit Hervé Bouges dans son ouvrage « Mémoire d’Eléphant ».

Un militantisme sur fond d’opportunisme

La tendance générale du militantisme au Gabon semble être guidée essentiellement par l’opportunisme. Et d’ailleurs toute la transhumance politique qu’on observe en période électorale semble bien le confirmer. Et les journalistes eux aussi l’ont très bien compris. La promotion dans notre pays n’obéit le plus souvent qu’à l’appartenance à un parti politique. Surtout pour des journalistes des médias dits de service public, lesquels médias publics constituent les réservoirs privilégiés des conseillers en communication (même au prix de la confusion du journalisme et de la communication) dans les cabinets ministériels. Une réalité donnant lieu à toute sortes de pratiques chez les hommes de médias, qui trouvent en l’adhésion aux partis politique, une parade toute trouvée pour se faire remarquer en arborant la tunique militante, quitte à devenir griot servile au mépris des règles du métier. Journalisme « alimentaire » et du « griotisme » comme l’a reconnu un confrère.

Charles Nestor NKANY

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