Rendant compte de la rencontre entre le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale et le chef de l’Etat, lundi dernier au Palais du bord de mer, la presse présidentielle a indiqué qu’il s’agissait d’une «séance de travail consacrée à la situation en Côte d’Ivoire». Etait-ce vraiment le sujet ?
Beaucoup d’observateurs ont noté que ni le ministre de la Défense nationale, Mathias Otounga Ossibadjouo, ni le chef d’état-major général des Armées, et encore moins les commandants en chef de la Gendarmerie et de la Police nationale n’ont pris part à cette réunion sécuritaire. Le général Nguétsara, secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS), était lui aussi absent.
Etaient plutôt présents, en plus de Guy Nzouba Ndama, le Premier ministre, le vice-Premier ministre Séraphin Moundounga et le ministre de l’Intérieur. Or, selon des sources concordantes, lors du changement de Premier ministre en janvier 2014, Guy Nzouba Ndama est à l’origine de la nomination de Daniel Ona Ondo dont il avait proposé le nom pour succéder à Raymond Ndong Sima. Il est également de notoriété publique que Séraphin Moundounga est un proche du président de l’Assemblée nationale, tandis que Pacôme Moubélet Boubéya est son neveu. Les observateurs ont donc vite fait de penser qu’il s’agissait plutôt pour Ali Bongo d’amener Guy Nzouba Ndama à «l’apaisement». Parce que, pour les observateurs, la présence du président de l’Assemblée nationale ne se justifiait pas à cette «séance de travail consacrée à des questions sécuritaires», comme l’a indiqué le Premier ministre Daniel Ona Ondo, à la fin de la réunion.
Le président de l’Assemblée nationale, membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG), a, semble-t-il, boudé deux grand-messes de cette formation politique : d’abord à Koulamoutou le 5 mars, puis sous le chapiteau du Jardin Botanique de Libreville le 12 mars dernier. Pour de nombreux commentateurs, cette absence serait à l’origine de la «convocation» de Guy Nzouba Ndama à la présidence de la République, en présence des membres du gouvernement notoirement identifiés comme ses proches. Selon certains visiteurs du soir de celui-ci, Guy Nzouba Ndama n’a apprécié ni la «désignation» d’André Dieudonné Berre comme président du groupe PDG à l’Assemblée nationale sans avoir été consulté ou informé, ni l’exclusion du PDG de Jonathan Ignoumba, Michel Menga et d’Alexandre Barro Chambrier.
Dans une déclaration faite à la clôture de la dernière session ordinaire de l’Assemblée nationale de l’année 2015, l’occupant du perchoir avait appelé les gouvernants à entendre un peu plus souvent les populations. «Nous devons entendre ce que dit le peuple», avait-il lancé ajoutant même qu’«il faut se méfier du silence et de l’indifférence du peuple». Dans son allocution du 1er mars dernier, il demandait de passer de la parole à l’acte ! Ali Bongo est-il parvenu à convaincre Guy Nzouba Ndama de sa volonté de passer à l’acte après le discours ?