Survenue à quelques mois du prochain scrutin présidentiel, la grâce faite par Ali Bongo à 270 détenus n’est pas dénuée d’arrière-pensées.
Ali Bongo a fait usage de sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature pour permettre la libération de 270 détenus. Cette grâce présidentielle survient à un moment particulier, qui laisse croire que le «président-candidat» profiterait, en réalité, de son statut pour tenter de s’attirer la sympathie de ses potentiels électeurs. Par cette action, il tente de toucher la sensibilité des parents et proches des anciens détenus. Si les chances d’y parvenir sont encore peu certaines, il n’en demeure pas moins que pour faire passer son message, il a bénéficié d’une aide inattendue : celle du procureur de la République de Libreville. «Surréaliste» pour certains, «erreur de communication» pour d’autres, le discours de Steeve Ndong Essame Ndong, lors de la cérémonie de libération des anciens détenus, a surpris plus d’un et accentuer les doutes sur l’impartialité de la justice. «Le président de la République, dans sa magnanimité, a décidé en vertu de son pouvoir discrétionnaire de vous remettre en liberté. Seul lui a ce pouvoir (…), à travers le décret portant remise de grâce. Vous êtes les heureux bénéficiaires. Je vois dans vos visages la joie. Mais cette joie, vous devez la mériter. Vous devez donc dire merci au chef de l’Etat (…) pour cette faveur qu’il vient de vous accorder», a lancé le procureur de la République de Libreville, le 11 mars dernier, aux 154 Gabonais et 88 expatriés, dont plusieurs ont promis de voter Ali Bongo, pour le remercier de cette grâce. Comme quoi, le message est bien passé.