L’ensemble des pays d’Afrique centrale cumulent un déficit de financements des infrastructures estimé à environ 2500 milliards de francs Cfa chaque année (3,8 milliards d’euros), a révélé le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, citant une étude de la Banque mondiale. C’était le 10 mars 2014 à Yaoundé, au cours d’une table ronde qui a clôturé la conférence sous-régionale sur le développement des infrastructures en Afrique centrale, organisé par le gouvernement camerounais et le Fonds monétaire international (FMI).
Afin de combler ce déficit de financements, les 250 participants à la conférence de Yaoundé ont exploré une palette de possibilités. Dans son énumération, Mario de Zamaroczy, chef de la mission du FMI au Cameroun, a cité les ressources intérieures, qui ne peuvent malheureusement pas suffire à satisfaire tous les besoins en infrastructures ; les dons, qui «sont très intéressants, mais deviennent de plus en plus rares» ; les emprunts concessionnels, qui «ne sont plus aussi évidents à trouver».
Face à cette situation, a-t-il précisé, il ne reste plus qu’aux Etats le recours au secteur privé à travers des partenariats public-privés (PPP), qui, bien que n’étant pas exempts de risques ont l’avantage de ne pas obérer les ressources budgétaires. A côté des montages PPP, il y a le marché bancaire et le marché des capitaux, qui sont pourvoyeurs de financements aux Etats, même s’ils ont la particularité de servir des taux d’intérêt non concessionnels.
Au demeurant, malgré cette palette de possibilités, nombre d’Etats d’Afrique centrale, à cause de la structure et de la spécificité de leurs économies, ne parviennent pas toujours à lever les fonds nécessaires pour satisfaire leurs besoins en infrastructures pourtant jugés criards. Il en est ainsi, par exemple, de Sao Tomé et Principe, dont le gouverneur de la banque centrale, Maria do Carmo Silveira, a saisi l’occasion de la conférence de Yaoundé pour lancer un appel à la priorisation des projets d’infrastructures à vocation régionale. Selon elle, seul ce type de projets dans lesquels les Etats mutualisent leurs efforts peut permettre aux pays économiquement faibles d’Afrique centrale, de résorber leur déficit de financements des infrastructures.
Un cri du cœur qui semble avoir touché les participants à la conférence, qui, dans leur déclaration finale, ont reconnu que «un important portefeuille de projets bancables à l’échelle nationale et internationale pourrait déclencher une contribution du secteur financier et du marché des capitaux sous-régionaux plus importante». Les conclusions de la rencontre du 10 mars 2014, annonce le FMI, seront présentées à la «conférence panafricaine de haut niveau, organisée conjointement par le gouvernement du Mozambique et le FMI à Maputo au Mozambique, les 29 et 30 mai 2014. Cette conférence réunira les décideurs de l’Afrique et d’ailleurs, qui examineront comment capitaliser sur les grands progrès enregistrés ces dernières années par l’Afrique, mais aussi comment relever les défis qui subsistent».