Il convient de reconnaître et d’apprécier l’évidence lorsqu’elle s’impose : la tournée africaine du roi Mohammed VI, dont l’incontournable étape du Gabon, est à saluer non comme une simple opération de charme à l’adresse des pays du continent, mais comme une initiative qui vient tordre le cou aux préjugés sur l’Afrique. A l’heure où les économies des pays les plus industrialisés de la planète semblent s’essouffler, la dynamique des relations de plus en plus fortes entre les nations du Sud a de quoi susciter de réels espoirs. Bon nombre de leaders africains ont assurément pris conscience qu’il est plus que temps de tourner la page de l’afro-pessimisme.
Le séjour officiel du souverain chérifien au Gabon, du 5 au 9 mars, donne l’opportunité de faire la synthèse de l’axe Libreville-Rabat. Et de tirer les leçons d’une coopération déjà très riche et fructueuse qui s’est accélérée en cette année 2014.
L’on se souvient que, en 2013, la visite de Mohammed VI à Libreville et les travaux de la 6e session de la Grande commission mixte Gabon/Maroc à Rabat avaient été ponctués par la signature de plusieurs accords de coopération dans les secteurs de la santé, la protection civile, la répression de la fraude, la technologie, les systèmes de l’information, l’aménagement du territoire et l’assistance mutuelle sur le plan administratif, entre autres.
Organisé sous le thème « Convergence et complémentarité économique », le forum qui s’est tenu le 7 mars dernier dans les jardins du stade de l’Amitié, à l’initiative de l’Agence de promotion des investissements et des exportations (APIEX), s’est conclu par la signature de 24 accords et conventions entre les gouvernements gabonais et marocains, ainsi que les opérateurs économiques des secteurs privés des deux pays. Ces accords, qui s’ajoutaient à l’accord de partenariat stratégique signé la veille dans le domaine des engrais, concernent particulièrement les domaines de la santé, l’agriculture, la formation professionnelle, l’habitat, les nouvelles technologies, le secteur financier et bancaire, le transport et le tourisme. Ces engagements visent à consolider le cadre juridique de la coopération entre les deux Etats et à promouvoir les échanges Sud-Sud.
Madeleine Berre précise par exemple que la convention signée entre la Confédération patronale gabonaise (CPG) qu’elle préside et la Confédération générale des entreprises du Maroc permet d’identifier de façon mutuelle les axes prioritaires de leurs actions commerciales réciproques et peut ainsi se définir comme « une institution de communication » entre les deux établissements et, au-delà, entre les secteurs privés gabonais et marocain. Pour le directeur général de l’APIEX, Nina Alida Abouna, ce forum aura été une belle opportunité de rencontres et d’échanges entre opérateurs économiques. Enfin, Daniel Ona Ondo, le chef du gouvernement, a invité les hommes d’affaires marocains à davantage investir au Gabon dans le secteur social afin de contribuer à la concrétisation du pacte dans lequel le pays vient de s’engager.
Il y a donc lieu de se réjouir, de part et d’autre, de voir les nations du Sud, et plus spécifiquement les nations africaines, sceller avec des actes concrets une coopération qui a de fortes chances d’être une valeur ajoutée à l’économie du continent.
