A l’issue d’une assemblée générale, le vendredi 7 mars 2014, les fonctionnaires des régies financières primordiales (Impôts, Douanes et Trésor public) ont unanimement décidé de supprimer le service minimum dans les services des douanes et des impôts ; en attendant qu’une autre assemblée générale des agents du Trésor ne vienne décider si ce service peut rejoindre les deux autres.
Lancée le 18 février 2014, la grève des douaniers, réunis pour la plupart au sein du Snad et du Synatrad, a reçu, ce vendredi 7 mars 2014, un soutien de poids de la part des agents des impôts, de ceux du Trésor public et de l’un des leaders de la Convention nationale des syndicats de l’éducation nationale (Conasysed), la puissante intersyndicale des enseignants de l’éducation nationale. Au terme dune assemblée générale dans l’enceinte du mess des douanes à Oloumi, les fonctionnaires des régies financières primordiales (Impôts, Douanes et Trésor public) ont unanimement décidé de supprimer le service minimum au sein des douanes et des impôts, en attendant la tenue d’une deuxième assemblée générale des agents du Trésor qui pourraient les rejoindre.
Si au départ, la grève des agents des impôts n’avait rien à voir avec la suspension des fonds communs annoncée par les autorités du pays, il est désormais clair que cette revendication intègre le cahier de charges de ces fonctionnaires. Jusque-là, le cahier des charges des douaniers ne portait que sur les revendications déjà soumises au gouvernement et à la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI). Une sorte de nouveau cahier des charges, concernant les douaniers, est littéralement aujourd’hui brandi qui ne devrait désormais comporter, en priorité que la revendication du rétablissement des fonds communs, du moins le refus de la nouvelle grille élaborée la veille.
Dans cette nouvelle grille, selon des témoignages concordants, il serait établi que les fonds communs d’un directeur général varieront désormais entre 1.175.000 et 2.625.000 francs CFA ; pour un directeur, ce sera entre 900.000 et 1.350.000 francs CFA ; pour un chef de service, entre 500.000 et 750.000 francs CFA ; pour un simple agent de catégorie A1, entre 250.000 et 375.000 francs CFA ; pour un simple agent de catégorie A2, entre 250.000 et 337.000 francs CFA ; pour un simple agent de catégorie B1, entre 175.000 et 262.000 francs CFA ; pour un simple agent de catégorie B2, entre 125.000 et 197.000 francs CFA et pour la main d’œuvre non permanente, entre 100.000 et 150.000 francs CFA. Une grille qui être appliquée à «titre transitoire, pour le premier trimestre de l’année 2014 uniquement», selon une note circulaire portant en-tête de la Primature, que de nombreux fonctionnaires avaient sur eux.
Mais, pour l’ensemble des agents des régies financières présents, il n’est pas question de toucher les fonds qui leur ont été versés, du moment où ils ne correspondent pas à ce qui était prévu par la loi. Un grand nombre d’entre eux déclare qu’ils préfèrent «continuer à souffrir jusqu’à ce qu’on les rétablisse dans leurs droits». «Ce n’est pas en appauvrissant certains que d’autres vont sortir de la pauvreté», a lancé le représentant des impôts, David Geyéla. Pour sa part, le représentant de la Conasysed, Marcel Libama, a dénoncé l’injustice des mesures prises par le gouvernement, concernant notamment la réduction des primes et la suspension des fonds communs. Pour la grande majorité des agents des douanes, des impôts et du Trésor public rencontrés au mess des Douanes, cette grille a été confectionnée pour «davantage enfoncer les Gabonais dans la précarité en leur faisant croire que les agents des impôts et des douanes ont des problèmes avec d’autres fonctionnaires». «Il n’en est rien, nous n’avons pas de problèmes avec d’autres fonctionnaires», a décoché un fonctionnaire des douanes.
Les représentants du Trésor ont indiqué que les autres administrations pouvaient compter sur eux avant de relever avec leurs collègues de ces deux autres administrations qu’ils «sont livrés à la vindicte populaire». C’est en cela qu’à l’unanimité, ils ont déclaré que «la grève va persister jusqu’au rétablissement de leurs droits». La création d’une intersyndicale a été souhaitée par les membres des syndicats présents à cette assemblée générale somme toute informelle.
En attendant, par la voix de Jean Didier Mbatchi Bayonne, le secrétaire général du mouvement intersyndical des douanes gabonaises, les Douanes et les Impôts ont annoncé la suspension du service minimum dans les services relevant de ces administrations. Les représentants du Trésor ont indiqué qu’ils aviseront après leur assemblée générale prévue dans les prochains jours. De nombreux agents, visiblement de mauvaise humeur, clamaient : «que le président de la République nous dise si l’Etat est en cessation de paiement» et si ses conseillers n’arrivent pas à lui «donner des solutions appropriées pour sortir le pays de cette situation». «Dites-le nous et ensemble, nous trouverons des moyens et des solutions pour résoudre ce problème. Votre père savait écouter. Laissez-nous vivre comme votre père nous as laissé», a lancé un syndicaliste en promettant de ne pas céder.