« J’ai pris ma ferme résolution, eu égard à ce qui se passe et s’exécute sous nos yeux, de quitter définitivement le Parti démocratique gabonais. Mes convictions et l’amour que j’ai pour mon pays et mes compatriotes me l’imposent », a déclaré M. Adiahenot sous un tonner des cris de joie de ses nombreux partisans et sympathisants présents dans la salle.
Agé de 70 ans, plusieurs fois ministres d’Etat, M. Adiahenot s’était déjà considérablement éloigné du PDG. Il s’est volontairement retiré de la vie politique depuis l’arrivée aux affaires de l’actuel chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.
Pour cette première sortie publique, le dernier ministre de la marine marchande du feu président Omar Bongo a tiré à boulé rouge contre le régime. Il a dénoncé la gestion catastrophique du pays par un groupe d’individus qui se prélassaient à l’étranger avec l’argent public lorsque le pays était au bord de la guerre civile au début des années 90.
Plusieurs membres influents de l’opposition gabonaise ont assisté à cette déclaration à l’immeuble Wenzhou au quartier huppé de Kalikak dans le 1er arrondissement. L’on pouvait percevoir, Jean Ping, Zachary Myboto, président de l’ex Union nationale (dissoute), Jean Eyeghé Ndong, le professeur Pierre André Komila Koumba du RNB, Jean Marc Eko et bien d’autres.
Mamadou Diop et Hilaire Adiahenot deux anciens secrétaires généraux de la présidence de la République (sous Omar Bongo), le docteur Marcel Eloi Rahandi Chambrier (ancien président de l’Assemblée nationale), Paul Malekou (plusieurs fois ministre) figuraient parmi les cadres du parti au pouvoir présents à cette conférence de presse.
Jacques Adiahenot, le désormais cadre de l’opposition gabonaise a martelé qu’il est « désormais un homme libre. Je ne suis pas mû par un esprit de vengeance et d’aigreur ». Il a ensuite lancé un appel à ses anciens camarades du PDG de quitter aussi la barque pour dit-il redonner l’espoir au peuple gabonais au travers d’une nouvelle offre politique cohérente. Selon M. Adiahénot, le Gabon a reculé de 60 ans. L’actuel exécutif met en évidence la « pensée unique et la gestion personnelle et solitaire de l’Etat ».
Dans un discours fleuve aux allures d’un procès contre l’actuel pouvoir, l’ancien député du PDG au quatrième arrondissement de Libreville a déploré que les libertés fondamentales soient bafouées.
Pour lui, « Quand ce ne sont pas les journaux dits de l’opposition qui sont l’objet de senseur, ce sont les médias du service public, pourtant financé par l’argent du contribuable, qui sont confisqués et placés sous la coupe exclusive du pouvoir : journalisme rimant avec le militantisme, on nous fait alors ingurgiter jusqu’à l’indigestion des images et des informations abrutissantes ».
Loin pour lui d’être « opposant alimentaire », M. Adiahenot, en répondant aux questions de la presse, a justifié sa démarche, comme celle portée dans la quête d’une démocratie véritable dans le pays. La démocratie qui est synonyme des libertés fondamentales et de respect des différences.
Dans une déclaration sur la tribune, Albert Yangary du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ, opposition) a souligné « qu’on n’a besoin des opposants qui ont le courage et la franchise ». Parce que, conclu-t-il « dans notre équipe là aussi, il y a des gens parfois on ne sait pas ce qu’ils sont réellement ». Une sorte de mise en garde aux politiciens passés maîtres dans l’art de la diversion et donc qui sont versatiles.
Il se susurre dans le milieu de l’opposition que l’effet boule de neige n’était plus une illusion. Certains membres influents du système qui ont géré et continuent de gérer le pays seraient aussi en passe de démissionner du parti au pouvoir.