Bâtisseur de richesse, un établissement de microfinance bien connu sur le plan local a floué au moins 10 000 clients à Libreville et 6 000 à Port-Gentil. Deux promoteurs de ladite société de microfinance sont derrière les barreaux tandis qu’un troisième, le Pasteur Yves Mapakou se la coule douce en Côte-d’Ivoire. Pour une affaire aussi grave et mettant en détresse de nombreuses familles, du fait de leur naïveté, l’Etat gabonais, à notre connaissance, n’a encore émis aucun mandat d’arrêt international contre cet individu, et ce, au moment où de nombreux sit-in sont enregistrés à Libreville et Port-Gentil.
C’est à croire que l’homme jouit d’une protection au sommet ! Sinon comment comprendre que le fugitif continue d’exercer librement ses activités pastorales sans être inquiété ainsi que nous l’apprend la communauté gabonaise vivant en Côte-d’Ivoire. Qu’attend Libreville pour demander aux autorités judiciaires ivoiriennes son arrestation et son extradition dans les plus brefs délais ?
Dans cette vaste escroquerie la responsabilité de l’Etat est engagée. Dès lors que le sinistre touche plus de 5 000 personnes, l’Etat doit intervenir puisque l’affaire prend une autre tournure. Elle devient affaire d’Etat donc tombe du coup dans le domaine public. Plutôt que de gérer cette affaire avec légèreté comme on le voit, les autorités gabonaises doivent prendre cette affaire à bras le corps, prendre la mesure de la situation et procéder au dédommagement des personnes abusées. La responsabilité de l’Etat est même doublement engagée : car l’Etat dispose d’un outil sous régional de régulation et de contrôle des activités de toutes les institutions bancaires opérant au Gabon.
Cet outil de contrôle et de régulation des opérations bancaires, la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale, la COBAC, aurait dû voir le caractère hasardeux des services proposés aux clients. La bande à Mapakou promettait des taux exponentiels d’intérêt, allant jusqu’à 45 %. La précaution citée plus haut aurait évité aux clients le désastre dont les effets collatéraux ont entrainé la banqueroute de Postbank. Du fait de ses taux d’intérêts alléchants, de nombreux clients de POSTBANK ont procédé au retrait massif de leurs avoirs pour les migrer vers BRSarl.
L’Etat doit donc prendre ses responsabilités. N’en déplaise au gouvernement qui, par la voix de son porte-parole, Alain-Claude Billie By Nzé, estime que l’Etat n’a pas à dédommager des personnes qui se sont fait rouler par des escrocs. Une lamentable échappatoire pour le moins simpliste. Une institution bancaire ce n’est pas une organisation exerçant au noir encore moins une banale tontine de quartier, il est ici question d’une institution bancaire légalement constituée et opérant en terre gabonaise sous la surveillance d’une institution sous-régionale assermentée.
Ce n’est pas une organisation de malfaiteurs qui sort ex-nihilo pour qu’on avance pareil argument. C’est comme si un matin la BICIG, constatant l’assèchement de sa trésorerie, mettait la clé sous le paillasson. Parlera-t-on, dans ce cas, d’organisation de malfaiteurs ? L’on remarque que l’Etat s’est souvent débiné devant pareil sinistre. On se souviendra que lorsque la Banque du Gabon et du Luxembourg et la Banque Populaire avaient fermé boutique, l’attitude de l’Etat fut la même. Des milliers de clients de ces deux institutions bancaires avaient été floués sans le moindre dédommagement de la part de l’Etat qui s’était au contraire drapé dans une indifférence coupable.