Déclaré candidat à moins de six mois de la présidentielle, certains estiment que le président de la République s’est laissé «coincer» par l’article 11 de la Constitution, au moment où il serait en délicatesse avec une partie de l’Assemblée nationale.
A moins de six mois de la prochaine élection présidentielle, les sorties et autres agissements de Guy Nzouba-Ndama n’augurent rien de bon. Du moins, selon certains observateurs. Le président de l’Assemblée nationale serait en froid avec le président de la République, dont la déclaration de candidature pourrait être un inconvénient plutôt qu’un véritable avantage. Alors que s’ouvre la session des lois, Ali Bongo n’est plus certain de tenir les élus de la majorité, qui pourraient bien lui donner du fil à retordre en mettant à mal certains de ses projets voire en les bloquant.
En se déclarant officiellement candidat à la prochaine présidentielle, le président de la République tombe en effet sous le coup de l’article 11 de la Constitution, qui dispose, entre autres, que «si le président de la République en exercice se porte candidat, l’Assemblée nationale ne peut être dissoute». Dans ce contexte Ali Bongo ne peut donc plus user de cette arme.
Si le 1er mars dernier, lors de l’ouverture de l’actuelle session à l’Assemblée nationale, Nzouba Ndama a rassuré que «jouissant d’une majorité parlementaire confortable, le gouvernement ne peut craindre aucune obstruction législative susceptible d’entraver son action», il n’a pas moins déploré «la consommation boulimique ou plutôt l’usage inflationniste des ordonnances par le gouvernement de la République», autrement dit «la propension du gouvernement à légiférer par voie d’ordonnances», avant d’ajouter que «le recours quasi systématique à une telle pratique, perçue sous d’autres cieux comme la traduction d’une stratégie d’évitement du débat parlementaire, peut (…) surprendre.» Intervenues un jour après l’annonce de la candidature d’Ali Bongo à Ozouri, ces remarques sibyllines du président de l’Assemblée nationale qui, à la même occasion, a rappelé que «le fait majoritaire ne nous donne pas tout pouvoir et notamment le pouvoir d’entretenir des indélicatesses à l’égard de notre loi fondamentale», ne seraient-elles pas des mises en garde, voire des menaces voilées ?
Le candidat du Parti démocratique gabonais qui ne peut plus brandir la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale, se serait-il lui-même fait prendre au piège ? Si l’on devine aisément la réponse négative de la majorité au pouvoir, toujours prompte à nier l’évidence, le fait est entendu. «Pour un président en grande délicatesse avec sa majorité parlementaire, qui ne peut plus gouverner par voie d’ordonnances (…), c’est un enfermement ou simplement un manque de culture politique», a commenté Jean de Dieu Moukagni-Iwangou. Ali Bongo se serait-il laissé abuser par ses conseillers, ou est-il certain de la loyauté des députés PDG, majoritaires à l’Assemblée nationale ?