Son soutien à Jean Ping, la sincérité de sa démarche, l’éligibilité de son champion, ses liens avec Ali Bongo, l’unité de l’opposition et les précédentes présidentielles. Le président de l’Union pour la nouvelle république (UPNR) dit tout dans un entretien au Courrierdesjournalistes.com.
S’il est connu pour ses volte-face et sa faconde, le président en exercice de l’Union des forces du changement (UFC) a clairement pris position quant à la prochaine présidentielle, affichant publiquement son soutien à Jean Ping. «Aujourd’hui nous avons dépassé les idéologies et les intérêts personnels», soutient-il. Pour lui, Jean Ping présente le minimum commun pour sortir le Gabon de l’ornière. «J’ai dit que Jean Ping n’est pas le meilleur, mais c’est le premier parmi les égaux. Je le soutiens et l’assume», a-t-il lancé. «Nous sommes tous les deux d’Omboué et nous avons été adoptés par feu le président Omar Bongo. Nous avons travaillé auprès de lui en qualité de directeur de cabinet et avons été tous les deux vice-Premier ministre. Je connais l’homme. Nous avons aujourd’hui besoin d’un président capable d’écouter, de comprendre, de discuter, de partager. Jean Ping peut l’être. C’est quelqu’un qui a le respect des convenances. Je peux travailler avec lui», a-t-il expliqué.
Revenant sur le débat sur l’éligibilité de Jean Ping du fait des origines chinoises de son père, le président en exercice de l’UFC indique que certains font «une interprétation erronée de l’article 10 de la Constitution gabonaise, qui interdit, pendant une certaine durée, aux Gabonais ayant acquis la nationalité de se porter candidat aux élections présidentielles». «Jean Ping ne tombe pas sous le coup de cet article. Il est né au Gabon et sa mère est gabonaise. Il a fait ses études au pays et a grandi au milieu de nous tous. Jean Ping n’a pas acquis la nationalité. Il est gabonais de naissance et n’a jamais été adopté. Le problème se pose avec Ali Bongo parce qu’il a été adopté même s’il refuse de l’avouer», a-t-il avancé.
Sur la sincérité de son soutien, le président de l’UPNR indique, en substance, que Jean Ping et Ali Bongo n’ont pas assez d’argent pour l’acheter. «J’ai soutenu Omar Bongo jusqu’à sa mort et je savais lui dire non quand je n’étais pas d’accord», a-t-il fanfaronné, ajoutant qu’il avait un pacte avec lui. «Je n’ai jamais été versatile», s’est-il défendu. «Quelqu’un de versatile peut-il collaborer pendant plus de 30 ans avec une seule personne ?», s’est-il interrogé.
Louis-Gaston Mayila dit savoir «changer de position quand cela est nécessaire». «Je dis ce que je pense et je le dis à haute voix. Je n’ai pas de tractation avec le président de la République. Quand il a pris le pouvoir en 2009, il m’a invité et nous avons discuté. Quand il s’agissait de mettre la biométrie en place, il m’a convoqué et nous avons discuté. Cela fait longtemps que je ne l’ai plus rencontré. S’il m’appelle, j’irais l’écouter mais j’avertirais d’avance mes pairs de l’opposition», a-t-il indiqué, affirmant qu’il y a très peu de chances qu’il travaille avec Ali Bongo. «Travailler pour Ali Bongo Ondimba, c’est travailler pour Accrombessi», a-t-il tranché, poursuivant : «Ce qui est impossible». Et de renchérir : «Je ne peux pas accepter que quelqu’un vienne faire au Gabon ce qu’on ne peut pas faire au Benin. Moi j’aime ma mère, le Gabon et je n’accepterai jamais qu’elle soit insultée ou humiliée. Accrombessi et Ali Bongo Ondimba m’ont envoyé en prison pour une histoire fabriquée de toute pièce. J’ai bénéficié d’un non-lieu lors du procès. Je ne suis pas prêt à rallier le camp du pouvoir», a-t-il encore dit.
Sur l’unité de l’opposition, Louis-Gaston Mayila estime que dans aucun pays du monde il n’a vu une opposition unie. «Le Gabon ne fera pas exception», a-t-il lâché, soutenant : «L’unité de l’opposition n’est pas une panacée pour l’alternance». Et de révèler même que le Parti démocratique gabonais (PDG) n’a gagné aucune élection présidentielle depuis plus de 20 ans, expliquant qu’à chaque fois le candidat du PDG a été proclamé vainqueur suite à une manipulation des résultats. «Tous les Gabonais le savent», a-t-il asséné, estimant que les Gabonais n’ont pas besoin «d’une opposition unie, mais de la transparence électorale et d’un scrutin crédible et libre».