La baisse du prix du gasoil et de l’essence annoncée en début de mois par le gouvernement est effective sur toute l’étendue du territoire national. Pourtant, les consommateurs disent ne pas en ressentir ses effets.
Le 29 janvier 2016, réuni en conseil des ministres, le gouvernement a décidé d’arrêter de subventionner les prix du carburant à la pompe. Une subvention qui a coûté 700 milliards de FCFA à l’Etat en six ans, soit 60 milliards de FCFA pour la seule année 2015, précise le gouvernement. Cette décision de suspendre le soutien aux prix a de facto entraîné la réactivation du mécanisme de libéralisation des prix du gazole et de l’essence. Ainsi, le 1er février courant, après une réunion du Premier ministre et quelques membres de son gouvernement, les prix de l’essence et du gazole ont baissé de 10 et 15 FCFA, passant respectivement de 535 à 525 FCFA et de 470 à 455 FCFA.
Cette baisse des prix poursuit deux objectifs : rétablir la justice sociale en maintenant les subventions au gaz butane et au pétrole lampant, véritables produits sociaux ; et rationaliser les dépenses de l’Etat, en réaffectant les sommes allouées au financement de la subvention, en priorité vers des programmes sociaux et structurants. Les usagers, pour leur part, n’éprouvent aucune satisfaction à cet effort du gouvernement. «Oui, le prix du carburant a baissé, moi j’utilise le gasoil, ça a baissé de 15 FCFA. Ça ne se ressent pas, mais peut-être pour ceux qui prennent de grandes quantités », exprime Salif, chauffeur de suburbain.
Pour Patrick O., rien n’a changé, le gouvernement aurait pu faire mieux. « Je ne vois pas de différence. J’en ai entendu parler, mais franchement, pour moi, c’est comme si on enlevait 1 franc dans 20 FCFA, il vous reste 19 FCFA à payer, quelle différence ça fait ? S’il voulait baisser, il devait peut être baissé de 100 FCFA ou 200 FCFA », soutient-il. Ce dernier dit avoir relevé un fait lorsqu’il s’approvisionne en carburant : «Mais ce que je ne comprends pas, c’est que lorsque j’achète par exemple le carburant de 10.000 FCFA, la quantité n’est pas la même dans toutes les stations, il y a des moments où ça monte jusqu’ici, explique-t-il, le doigt pointé sur le tableau de bord, et d’autres fois ça n’arrive même pas à ce niveau.»
A ce propos, Alain D., pompiste, explique que cet état de fait dépend du sol, de l’endroit où la voiture est garée. « Vous voyez, ici, il y a une petite pente donc, lorsque la voiture est garée, elle est légèrement penchée et donc lorsque le même chauffeur ira dans une station qui a un sol plat, il aura l’impression qu’il y a moins de carburant. Sinon les quantités sont les mêmes». Les usagers de transport en commun, qui voyaient également en cette nouvelle baisse une occasion de réduire les coûts de transport, se désolent.
«On dit qu’on a baissé le carburant, mais vous continuez à augmenter le prix du transport, ah ça !» s’est exclamé Henry, en empruntant un taxi-bus de Rio à Melen, pour un tarif de 300 FCFA. «Pour avoir le taxi, c’est vraiment difficile, si tu n’as pas d’argent pour miser, tu ne peux pas prendre le petit taxi».
Les taximen soutiennent, pour leur part, que cette baisse du prix du carburant ne change en rien les difficultés qu’ils rencontrent sur le terrain. « Le marché est dur, il n’y pas de client, je ne vois pas que ça change quelque chose. » Pour Alain, les clients sont difficiles à satisfaire. Le plus grand nombre estime que « le gouvernement se moque d’eux, il aurait dû enlever 50 FCFA. Mais nous avons un client qui prend à chaque fois 4.000 litres, avec cette baisse il paie 60.000 FCFA en moins, avant il payait 1.880.000 FCFA, aujourd’hui il paie 1.820.000 FCFA. Ça représente un grand avantage.... suite de l'article sur Autre presse