Fâchées de ce que le président de la République ait annoncé sa candidature à sa propre succession sans tenir compte de sa dernière annonce concernant l’organisation d’un dialogue national inclusif, des organisations de la société civile ont invité l’ancienne puissance coloniale à se prononcer.
S’il ne faisait aucun doute qu’Ali Bongo serait candidat à sa propre succession, certains avaient voulu croire que cette candidature passerait par le filtre du dialogue national inclusif. Un rendez-vous souhaité par des organisations de la société civile, en vue de consolider la démocratie et parvenir à des élections apaisées, mais aussi un dialogue pour lequel, par l’entremise de son ministre des Relations avec les institutions constitutionnelles, le président de la République a donné des orientations, le 18 février lors de la session plénière extraordinaire du Conseil national de la démocratie (CND). Sauf qu’avec l’officialisation de la candidature d’Ali Bongo à la prochaine présidentielle, ces calculs semblent faussés. Une situation qui est loin de plaire au Forum de la société civile qui, dans un récent communiqué, s’est dit surpris, d’autant qu’«elle arrive au moment ou le président avait accepté d’organiser le dialogue national inclusif». Ali Bongo se serait-il finalement rebiffé ? A moins de six mois de la présidentielle, son attitude est de nature à prendre tous les acteurs politiques de cours, «y compris les membres de son parti».
Si, à travers un communiqué signé de son président, Albert Ondo Ossa, le Forum de la société civile s’est montré dubitatif voire craintif, c’est que les récents projets d’Ali Bongo (Programme «Graine», Décennie de la femme gabonaise, Programme pour l’égalité des chances) montrent qu’il se voit au pouvoir après 2016. C’est du moins ce que croit savoir la plateforme, qui n’a pas manqué de réitérer son appel au dialogue national inclusif. «Les conditions d’une élection libre et transparente ne sont pas réunies», soutient le communiqué, qui souligne que si le scrutin à venir est organisé en l’état actuel des choses, il s’agira tout simplement d’«une mascarade de plus qui donnerait une caution morale à un pouvoir illégitime».
Le mouvement des organisations de la société civile appelle à œuvrer dans le sens de la préservation du climat social. «Afin de parer aux conséquences d’une contestation postélectorale susceptible de déboucher sur une violence inutile et faire mourir des innocents», ces organisations appellent désormais à la mobilisation pour l’abrogation de l’ordonnance portant dispositions communes à toutes les élections politiques. «Le temps est venu pour que des femmes et des hommes de notre peuple se lèvent et parviennent a démontrer que, face à la corruption, au mensonge et à l’imposture des tenants du pouvoir, il y a encore ceux qui ne sont pas prêts a vendre leurs âmes au diable et sont fermement engagés pour I’alternance au pouvoir actuel», ont dit les membres du Forum de la société civile, sollicitant de la France qu’elle se prononce officiellement «dans les mêmes termes que pour le Mali et, notamment, faire en sorte que les Gabonais puissent voter dans la transparence avec un cadre de dispositions institutionnelles adéquates».