À Ozouri, sur le chantier de la route Port-Gentil-Omboué, le président de la République a annoncé, le 29 février 2016, sa candidature à la prochaine élection présidentielle.
Effectuant une visite de deux jours dans la capitale économique du Gabon en compagnie de Sylvia Bongo Ondimba, la Première dame, Ali Bongo Ondimba a choisi, le 29 février 2016, de mettre un terme à l’expectative des Gabonais qui voulaient savoir s’il briguerait ou non un deuxième mandat. C’est dans la cité pétrolière, réputée frondeuse, mais particulièrement sur le pont Ozouri, à cheval entre Port-Gentil et Omboué, terre de son «challenger» de l’opposition, Jean Ping, qu’il a fait sa déclaration de candidature.
Avant cette annonce, le président de la République qui doit rendre le tablier dans quelque mois, a justifié le choix de ce lieu. Pour lui, parler à partir de ce pont en construction est symbolique du changement qu’il veut pour le Gabon. «J’ai choisi de m’adresser à vous ici, sur l’un de ces ponts en construction, l’un de ceux qui permettront de relier la ville de Port-Gentil au reste du pays», a-t-il dit entouré des ouvriers affectés à l’édification de l’ouvrage d’art, avant d’ajouter que ce pont est à ses yeux, «le symbole d’un Gabon moderne, de ce Gabon qui avance, de ce Gabon résolument tourné vers l’avenir».
Effectuant comme un bref bilan de son mandat, Ali Bongo a raconté : «Au cours des six dernières années, nous avons fait un bond en avant vers cet effort de changement dont notre pays a besoin. Toutefois, il nous reste encore du chemin à parcourir car ce voyage vers l’émergence du Gabon n’a pas été, et ne sera certainement pas, un long fleuve tranquille». «Qu’à cela ne tienne, je reste déterminé à mener à bon terme tous nos projets», a-t-il déclaré. Et d’indique qu’il est «fortement déterminé à poursuivre la mission» que les Gabonaises et les Gabonais lui ont confiée en 2009, quand bien même, rien ne lui a été épargné ces six dernières années par les «adversaires du changement».
Motivant sa candidature, Ali Bongo a relevé que les attentes de ses compatriotes, notées au cours de divers échanges à travers le pays, l’ont clairement convaincu sur le fait que «les changements qu’il impulse sont effectivement salutaires». «Les changements dont nous avons besoin, les changements qu’il nous faut pour notre avenir à tous, pour l’avenir de nos enfants et de nos familles. C’est pourquoi, avec la Grâce du Tout-Puissant, la bénédiction de nos ancêtres et le soutien de tous, je vous annonce ma candidature à l’élection présidentielle de cette année», a-t-il annoncé. Et d’ajouter : «J’ai besoin de vous pour consolider et construire ensemble ces ponts de l’espoir, ces ponts de l’avenir. Mes chers compatriotes, je vous invite à emprunter le pont qui nous permettra d’enjamber les obstacles que nous pourrions rencontrer sur la route vers le progrès, le bonheur et la prospérité de notre cher pays, le Gabon», a indiqué le Chef de l’État.
Le président de la République justifie également cette nouvelle candidature par le fait, entre autres, qu’il entend davantage donner des emplois décents aux jeunes, pour garantir à cette jeunesse un avenir meilleur en lui permettant de recevoir une éducation et une formation adaptées aux besoins de développement du pays ; pour protéger davantage la femme gabonaise et accroître son autonomisation ; pour que la retraite ne soit plus considérée et vécue comme une fin de vie.
Si cette déclaration de candidature s’est faite depuis le pont Ozouri, sa retransmission s’est faite en direct sur la télévision nationale et sur la place de la foire de Port-Gentil où une foule de militants, de sympathisants et quelques membres du gouvernement y assistaient à travers un dispositif d’écrans géants, en attendant le retour du couple présidentiel. «C’est normal que le président fasse sa déclaration de candidature là où il veut. Le Gabon ne nous appartient-il pas à nous tous ?», a dit en s’interrogeant un cadre de Port-Gentil.
Pour ses militants et sympathisants, notamment ceux du Parti démocratique gabonais, cette annonce a bien entendu créer l’euphorie et l’enthousiasme à la foire de Port-Gentil. «Le président a fait le bon choix», a déclaré un militant du parti au pouvoir. Cette euphorie est cependant ternie par le chômage de plus en plus croissant dans la cité pétrolière, mais également par le problème des clients désabusés de B.R. Sarl. «On veut bien qu’il soit candidat à sa propre succession. Mais que fait-on de tous les problèmes que nous trainons depuis 2009. Le chômage est grave à Port-Gentil et aujourd’hui à cause de B.R. Sarl, de nombreuses familles sont aux abois. On fait comment avec tout ça ?», a lancé un client de B.R. Sarl comptant parmi les 6000 victimes de la vaste escroquerie de cette entité de micro-finance qui a mis la clé sous le paillasson il y a quelques mois avant que ses promoteurs ne volatilisent dans la nature. Une chose reste certaine, les mois prochains risquent de révéler de grandes surprises.