Au fur et à mesure qu’approche le mois d’août pendant lequel sera organisée la présidentielle au Gabon, la certitude de voir se dégager une tendance fiable concernant le poids sociologique des formations politiques et donc leurs chances de remporter le scrutin, reste chimérique, le Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir étant secoué par une série de démissions et l’émergence de courants en son sein et l’opposition offrant une image de morcellement criarde. Deux faits qui laissent entrevoir que la lutte sera rude pour la conquête du fauteuil présidentiel.
Une cinquantaine. C’est à peu près, le nombre de partis politiques dans l’arène que l’on classe en deux grands groupes dont l’un qui a pour chef de file le Parti démocratique gabonais dénommé « majorité présidentielle pour l’émergence » et l’autre composé de ceux qui se réclament de l’opposition.
Le constat est que la plupart d’entre eux vit la mort dans l’âme, une minorité seulement occupant les devants de la scène comme c’est le cas du Parti démocratique gabonais (PDG au pouvoir) ; de l’Union nationale (UN) ; de l’Union du peuple gabonais (UPG), du parti social démocrate (PSD) ; de l’Alliance démocratique et républicaine (ADERE) ; de l’Union pour la nouvelle République (UPNR) ; du Rassemblement pour le Gabon (RPG) ; du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), du Parti gabonais pour le progrès (PGP) ; du Rassemblement national des bûcherons (RNB) ; du Centre des libéraux réformateurs(CLR) ; etc. Le gros du reste étant qualifié de « partis-entreprises » qui font monter les enchères autour des « grands partis » en période électorale.
Les forces en présence
Difficile de déterminer la véritable puissance et force de frappe des formations politiques, tant le manque de visibilité et de fédéralisme ne permet pas de saisir avec exactitude le poids réel de chacune, qu’elle appartienne à la mouvance présidentielle ou à l’opposition.
A cause des nombreuses démissions d’anciens hiérarques, le PDG traverse une période inconfortable qui peut se traduire par un manque d’engouement de ses militants, sympathisants ou adhérents ayant des sympathies pour ceux qui ont quitté la « barque ». Surtout dans les régions où les élections lui ont souvent été défavorables.
Situation presqu’identique pour l’opposition, réunie au sein d’une plate-forme appelée « Front Uni de l’opposition pour l’Alternance », (FUOPA), essentiellement constitué d’individualités (17) et des partis politiques (10), dont les plus influents, sont entre autres l’UN, parti crée par d’anciens dignitaires du régime de feu Omar Bongo Ondimba. Parti divisé entre le camp de Jean Eyeghe Ndong, soutenant la candidature de Jean Ping, et celui de Zacharie Myboto, ayant comme porte-étendard Casimir OyéMba. Même chose pour l’UPG de feu Pierre Mamboundou, arrivé 2e aux élections présidentielles de 1998 et 2005 et 3e en 2009, mais fragilisé, lui aussi, par l’émergence en son sein de factions rivales (quatre au total), dont celle de Mathieu Mboumba Nziengui, aujourd’hui ministre de l’Agriculture. A ces deux partis s’ajoutele PSD de Pierre Claver Maganga Moussavou dont le vice- président, Moulengui Boukossou, vient de claquer la porte pour faire allégeance à Jean Ping. En résumé, c’est un Front déchiré entre pros et anti- Ping.
Des dissensions aux allures scélérates !
Aux yeux de certains observateurs, les antagonismes de plus en plus aigus au sein du FUOPA, entre pro et anti- Ping, antagonismes dus à la guerre des chefs entre vieux routiers de la politique, qui s’arrachent les cheveux pour la conquête du pouvoir, pourraient compromettre les chances de l’alternance rêvée par de nombreux gabonais. Car l’expérience des scrutins précédents a montré que les clivages au sein de l’opposition sont souvent mis à profit par le PDG qui ne pense qu’à se maintenir au pouvoir.
C’est d’ailleurs l’avis du président d’une aile de l’UPG, Bruno Ben Moubamba qui, lors d’un entretien accordé à nos confrères d’« Info 241 », déclarait que les divisions de l’opposition gabonaise sont un drame et que le pouvoir gabonais depuis Omar Bongo Ondimba a toujours excellé dans l’alimentation des divisions dans l’opposition. Avant de conclure que la famille Bongo ne règne au Gabon que par la division de l’opposition. Une position que rejette le porte- parole du gouvernement, Alain Claude Bilie-By-Nze qui, invité de l’émission « Le Club de la presse » d’Africa n°1, parlait, lui, de « la langue de bois de l’opposition ». Qu’à cela ne tienne, les querelles affichées au sein du front uni de l’opposition pour l’alternance amenuisent ses chances de remporter la bataille. Surtout dans un système d’élection à un seul tour. Cependant, avec l’activisme de Jean Ping qui bénéficie d’un nombre croissant de soutiens, rien ne semble encore acquis pour les « Emergents ».