En prélude à la conférence ministérielle africaine sur la vaccination, les experts mondiaux du vaccin et des représentants de 26 pays africains de la ceinture méningitique ont célébré, les 22 et 23 février 2016 à Addis Abeba les succès du nouveau vaccin contre la méningite de souche A. Il s’agit de MenAfrivac, conçu, développé et produit pour l’Afrique. Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays touchés par cette maladie, plaide pour son introduction dans le programme élargie de vaccination (PEV).
Les experts mondiaux du vaccin et des ressortissants de 26 pays africains sont réunis à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Ils célébrent les succès du nouveau vaccin contre la méningite de souche A. Son nom :MenAfrivac. Le nouveau vaccin prévient contre les formes de méningite dues au méningocoque A. Cette souche sévissait et faisait des ravages au Burkina Faso tout comme dans les autres pays situés dans la ceinture méningitique. « Le Burkina a été le premier pays à introduire ce vaccin en décembre 2010, par une vaste campagne qui a permis de vacciner 12 millions de personnes de 1 à 29 ans », a précisé le Directeur de la prévention par les vaccinations au ministère de la santé, Dr Sylvain Zeba. Depuis l’introduction de ce nouveau vaccin, développé par Projet Vaccins Méningite (PVM) et produit par Serum Institute of India, les résultats sont tangibles. Et Dr Zeba les cite aisément. D’abord, MenAfrivac a permis d’augmenter l’immunité de la population face à la méningite. De 2010 à 2015, le Burkina n’a pas enregistré de cas ni de flambée de méningite à méningocoque A. Ensuite, l’introduction de ce vaccin a contribué à renforcer le système de vaccination du ministère de la santé par l’acquisition des équipements de la chaine de froid. Enfin, il a permis de renforcer le parc logistique pour le transport des vaccins.
Une grande victoire de santé publique
Les scientifiques réunis à Addis Abeba pour la clôture du Projet Vaccins Méningite (PVM) considèrent le succès de MenAfrivac, l’une des « plus grandes victoires de santé publique ».
L’OMS a signalé que 16 des 26 pays de la ceinture de la méningite (qui s’étend du Sénégal à l’Éthiopie) ont mené leurs premières campagnes de vaccination massive. Ainsi, plus de 235 millions d’enfants et de jeunes adultes (de 1 à 29 ans) ont été immunisés pour 10 ans.
Parmi les 10 pays restant, cinq sont prêts à le faire en 2016, soit à l’échelle nationale (République centrafricaine, Guinée-Bissau et Soudan du Sud) ou dans des zones à haut risque (République démocratique du Congo et Ouganda). Les cinq autres (Burundi, Érythrée, Kenya, Rwanda et Tanzanie)
devraient mener des campagnes de vaccination massive dans des zones à haut risque en 2016-2017 .
« Nous avons remporté une victoire historique avec MenAfrivac: créer un vaccin abordable, efficace et sur mesure pour l’Afrique. Grâce à une nouvelle avancée majeure, ce vaccin ne nécessite plus de réfrigération constante, et c’est le premier dont l’OMS autorise l’utilisation à température ambiante, jusqu’à 40 °C (104 °F) et quatre jours », s’est félicité le président Steve Davis de PATH, une ONG qui œuvre dans le domaine des vaccins.
Et les autres souches
« Notre franc succès contre la méningite A n’est en aucun cas permanent. Pour maintenir le niveau de protection actuel contre cette maladie, tous les pays à risque doivent achever leurs campagnes de vaccination et intégrer le vaccin à leurs programmes de vaccination systématique contre les maladies infantiles », a prévenu la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Matshidiso Moeti.
Huit pays dont le Burkina Faso ont déjà demandé un financement pour inclure le MenAfrivac dans leurs programmes nationaux de vaccination systématique contre les maladies infantile en 2016.
L’enjeu actuel des pays, selon Dr Zeba, c’est maintenir le niveau d’immunisation des populations par la programmation des campagnes de suivi des enfants né après 2010. En plus de cela, il faut développer des stratégies contre les autres souches de méningite. Le Burkina Faso, depuis 2010, n’a pas enregistré de méningite de type A, mais les autres souches continuent d’endeuiller des familles. Cette année 2016, à la date de 14 février, les chiffres de la surveillance épidémiologique de la Direction de la prévention par les vaccinations affichent 547 cas de méningite de type C et pneumocoque avec 58 décès.
L’une des perspectives, explique Dr Zeba, est de travailler au développement d’un vaccin pentavalent qui va prendre en compte le A, le C, le W, le X et le Y. Ce plaidoyer se mène déjà au niveau mondial.
Boureima SANGA
A Addis Abeba/Ethiopie
bsanga2003@yahoo.fr