Source de revenus pour certains enseignants, la vente de fascicules aux étudiants de l’Université Omar Bongo se fait au vu et au su des autorités rectorales.
Au-delà des maux régulièrement dénoncés par les étudiants et à l’origine des grèves à l’Université Omar Bongo (UOB), d’autres, moins évoqués, méritent qu’on s’y attarde. Il s’agit, notamment, de la vente de fascicules, véritable business qui s’est développé au fil des années au sein de ce temple du savoir.
Définis comme des cahiers ou groupe de cahiers d’un ouvrage publié par fragments successifs, ces documents sont vendus aux étudiants, par certains enseignants, à des prix oscillant entre 9 000 et 15 000 francs l’unité. Un sésame indispensable pour assister à certains cours. «Pour certains cours, le fascicule est exigé. Ceux qui n’en possèdent pas sont gentiment priés de sortir de l’amphithéâtre», déplore un étudiant de la Faculté des lettres et sciences humaines (FLSH).
En effet, les étudiants ayant acquis le fascicule sont répertoriés sur une liste. Eux seuls ont le droit d’assister au cours. «Même si vous en posséder un mais que vous ne l’avez pas acheté auprès du prof concerné, vous n’assisterez pas au cours», poursuit le même étudiant. Un business d’autant plus que lucratif qu’en première année, on peut compter, en moyenne, 300 étudiants par amphithéâtre.
Possédant généralement des fascicules achetés l’année précédente, les redoublants sont priés de les acquérir de nouveau. Pis, très souvent, ces documents ne sont que des «copier-coller» d’ouvrages disponibles sur le net. «Au cours de mes recherches sur internet, je me suis rendu compte que le contenu de mon fascicule était la copie conforme de certains passages de l’ouvrage d’un auteur français», peste un étudiant du département d’histoire à l’UOB.
Il est vrai que les enseignants ont l’obligation de fournir des fascicules pour leurs cours. Mais, nul n’en connait les modalités pratiques. D’aucuns estiment qu’un montant forfaitaire aurait pu être exigé aux étudiants, notamment pour les frais de reprographie. D’autres pensent que l’UOB aurait du mettre en place un espace dédié à la vente de ces fascicules à des prix «raisonnables», tandis que de nombreux anciens étudiants devenus parents expliquent que le fascicule est venu remplacer le cours magistral ou les travaux dirigés que donnaient traditionnellement par voie orale les enseignants. «Que le rectorat réimpose les cours magistraux oraux dont les étudiants doivent prendre des notes, à leurs dépens si ces derniers n’en sont pas capables, plutôt que de créer dépenses artificielles», peste un parent lui-même ancien étudiant de l’UOB.
Pour l’heure, les autorités ne trouvent rien à redire à ce commerce, en dépit des protestations des étudiants. Comme un silence coupable, qui laisse penser que ce commerce est entretenu par les autorités rectorales, vu les montant en jeu.