Malgré les intimidations et les menaces dont ils ont été l’objet, les agents du trésor public gabonais ont laissé primer l’intérêt général de la corporation pour parler d’une même voix au sein d’une structure syndicale. La première du genre au sein de cette administration.
Dernier jour du mois dit de la «descente aux enfers» pour les agents des régies financières du Gabon, soumis à la suspension sans préavis des fonds communs, le 28 février 2014 a sonné le réveil, pourrait-on dire, des fonctionnaires du Trésor public qui, à l’unanimité, ont voté pour la création d’un syndicat national.
Près de trois cents agents, en effet, ont répondu ce vendredi à l’invitation du bureau provisoire conduit par Tsonga Roland, porté secrétaire général de l’organisation. Il était question pour cette assemblée tenue à la Chambre de commerce de Libreville, d’effectuer le choix der créer une mutuelle ou un syndicat. Au regard de la situation actuelle, marquée par la baisse du pouvoir d’achat de ces agents et des maux qui minent cette branche des Finances, le choix n’a été que très facile pour les potentiels adhérents de la structure qui, par un vote à main levée, ont exprimé leur préférence pour un syndicat.
Dénommée Syndicat national des agents du trésor (Synat), la structure, en attente de récépissé du ministère de l’Intérieur, se veut, selon les initiateurs du projet, un cadre de concertation, une force de proposition pour les autorités dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents, mais également pour le perfectionnement du service public.
«Syndicat n’est pas synonyme de violence. Nous sommes une force de proposition, des partenaires. Il ne s’agira jamais de bloquer les salaires ou bloquer les guichets le 25 de chaque mois contre nos pères, mères, frères et sœurs pour manifester nos mécontentements», a martelé Tsonga Roland, tout en invitant ses collègues à la mobilisation et à l’appropriation des objectifs de ce nouveau regroupement de personnes physiques pour la défense ou la gestion d’intérêts communs. «Nous n’avons pas le droit à l’échec car nous devons construire notre avenir, notre demain. Nous devons nous armer de courage», a-t-il le nouveau secrétaire général de syndicat.
Personne dans cette assemblée n’a voulu se livrer à un commentaire devant la poignée de journalistes et observateurs venus y prendre le pouls. L’arrivée d’une chaine de télévision privée et proche de l’opposition a d’ailleurs accéléré l’éparpillement des agents présents. Il y a que tout ce beau monde a certainement en tête le président Ali Bongo qui avait averti, au sujet de la suspension des fonds communs : «je mets en garde ceux qui dans l’administration seraient tentés de naviguer à contre-courant et de bloquer cette réforme». Le port sur les fonts baptismaux du Syndicat national des agents du trésor arrive, il faut le reconnaitre, dans un contexte pouvant laisser penser à un futur proche vindicatif au sujet de la réforme controversée de suspension des fonds communs.