L’arithmétique ethnique de tradition au Gabon, fait qu’un ressortissant du Haut-Ogooué, à titre d’exemple, est toujours remplacé par quelqu’un de cette province. Sauf cette fois-ci à la présidence du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale. Mais, le choix du «Bord de mer» permettra-t-il mieux gérer le groupe, en proie à la dissension ?
C’est si rare pour être souligné : dans les fonctions politiques ou administratives, un altogovéen (ressortissant du Haut-Ogooué) succède toujours à un autre altogovéen. Pas plus loin qu’il y a quelques semaines, Ismaël Ondias Souna succédait à Léon-Paul Ngoulakia à la tête de la Caistab, et Patrick Assélé Ondjiani prenait le relais d’Alain Ndjoubi Ossamy à la tête de Sogatra… Mais là, à la tête du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale, on annonce l’arrivée d’un ressortissant de l’Estuaire, André-Dieudonné Berre, à la place de l’Altogovéen Luc Marat Abyla, décédé à la mi-décembre dernier. Bref, avant même que le groupe PDG se soit réuni, on sait déjà qui va présider ce groupe à l’Assemblée nationale ! Le PDG est ainsi…
Pas de suspense le 7 mars prochain à l’ouverture de la première session annuelle de l’Assemblée nationale : les 113 députés du Parti démocratique gabonais (PDG), dont le tout nouvel élu, Daniel Ndoumou Obame, du canton Kyé (dans le Woleu), et, sans aucun doute, les frondeurs d’«Héritage et Modernité», vont devoir formellement choisir André-Dieudonné Berre, «l’élu du palais du Bord de mer» pour le poste de président du groupe parlementaire PDG.
En effet, pour remplacer Marat Abyla à la tête de ce groupe, ce ne sera ni Luc Oyoubi, député de la Sébé-Brikolo, ni Ruffin-Pacôme Ondzounga, député de la M’Passa, toutes deux têtes d’affiche parmi les élus altogovéens de l’Assemblée nationale, c’est plutôt André-Dieudonné Berre, député du 1er arrondissement de Libreville, qui a été choisi par le président du PDG. Cet ancien ministre, dont on connaît l’obséquiosité et l’art de la brosse à reluire, va, à 76 ans, conduire aux destinées de ce groupe de 113 membres pour le reste de la législature, donc jusqu’en décembre 2016.
On l’avait annoncé, un temps, à la présidence du Conseil économique et social (CES). On l’avait aussi annoncé comme médiateur de la République, mais c’est finalement à la présidence du groupe PDG de la deuxième chambre du parlement que l’on va retrouver l’ancien PDG de Shell Gabon. Est-ce une récompense pour ce député qui avait pris la tête du «Groupe des 72» de l’hôtel Royal Palm qui avaient apporté, il y a quatre mois, leur soutien et affirmé leur loyauté et leur fidélité au «Distingué camarade» de leur formation politique ? Beaucoup d’observateurs le pensent.
C’est à la rentrée solennelle de l’Assemblée nationale, le premier lundi du mois de mars prochain, que les élus PDG vont formellement adouber celui qui leur est «recommandé» par le palais du Bord de mer. Ils vont le faire, comme à leur habitude, «comme un seul homme», dans la discipline PDGiste. Mais André-Dieudonné Berre est-il celui qui ramènera la sérénité au sein du groupe ? Ou, au contraire, sa présidence va-t-elle être celle de la discorde, de la division, de la cassure ? Saura-t-il être le «missi dominici» dont ce groupe a besoin aujourd’hui ? Son autorité ne sera-t-elle pas contestée au sein du groupe quand on sait que les membres du rassemblement «Héritage et Modernité» ne portent pas forcément dans leur cœur cet adepte de la flagornerie et de la flatterie ? On le saura dès les premières semaines qui suivront son «intronisation» officielle…